2010 : déjà 32 Marocains qui rentraient chez eux expulsés

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

Par Chloé Leprince | Rue89 

Des Marocains en route vers le Maroc arrêtés par la police française à la frontière franco-espagnole, placés en rétention, pour finalement être expulsés vers leur pays alors qu'ils en prenaient la route… Cela peut sembler complètement absurde. C'est pourtant arrivé à 32 d'entre eux depuis le début de l'année.

En avril 2009, la Cimade avait déjà alerté Rue89. À l'époque, treize Marocains venaient d'être interpellés à bord de plusieurs bus à destination de leur pays d'origine, en possession d'un titre de transport mais pas d'un titre de séjour valable dans l'espace Schenghen. La police aux frontières gardant le silence, le cabinet d'Eric Besson, au ministère de l'Immigration, avait alors justifié ce zèle nouveau.

Techniquement, la France est en effet redevable vis-à-vis de ses partenaires d'interpeller des clandestins sur le sol communautaire. Et Paris estime que rien ne dit que ces Marocains, qui se bornaient à transiter d'Italie vers le Sud, ne seraient pas descendus du bus quelque part en Espagne.

32 cas en six semaines : du jamais vu pour la Cimade

Aux yeux de la Cimade, il s'agissait déjà d'une pratique absurdement zélote de la part des fonctionnaires français. Depuis le début de cette année 2010, la pratique a repris de plus belle. Selon Clémence Viannaye, salariée de la Cimade au CRA de Perpignan, 32 Marocains cheminant vers leur pays d'origine ont été interpellés depuis le 1er janvier. Et envoyés en rétention.

Trois d'entre eux se trouvaient à bord d'une voiture. Difficile d'affirmer avec certitude qu'ils auraient traversé pour de bon toute l'Espagne à destination du détroit de Gibraltar. Mais les 29 autres avaient bien fait l'achat d'un billet de bus nominatif. Destination : le Maroc.

32 cas en six semaines, ce serait du jamais vu selon la Cimade. Après un court passage en rétention, ils ont tous été rapatriés au Maroc. En bateau ou en avion. Aux frais du contribuable français, et en dépit du billet qu'ils avaient déjà réglé. Précisons au passage qu'un très officiel rapport du Sénat estime qu'une expulsion coûte en moyenne 20 970 euros - transport, rétention et escorte de sécurité inclus.

Au moins quatre d'entre eux, arrivés au centre de rétention les mains dans les poches, ont protesté contre le fait qu'ils avaient dû abandonner leurs bagages dans les soutes du bus.

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