La dérive de la délation
Par Delphine Batho
"Gouvernement incapable de faire face à crise économique grave recherche bouc-émissaire". Telle semble être le sous-titre des annonces successives du ministre de l'immigration, Eric Besson.
Chaque jour apporte son lot de mesures tape-à-l'oeil stigmatisant les immigrés. Hier, c'était la pression à la délation, aujourd'hui il ressort du chapeau les funestes tests ADN de l'amendement Mariani.
Cette dérive est très préoccupante, tant du point de vue des libertés publiques que de la vision négative de l'immigration qu'elle véhicule.
Chacun l'aura compris, l'efficacité de la régulation des flux migratoires n'est qu'un prétexte dans cette histoire. Le chantage à la délation avait déjà été expérimenté par Nicolas Sarkozy ministre de l'intérieur, en promettant des titres de séjour aux prostituées qui dénonçaient leur proxénète. Le bilan est piteux. Quant aux tests ADN, le simple fait que, plus d'un an après le vote de la loi, ils ne soient pas expérimentés démontre qu'ils sont inutiles, inapplicables et dangereux.
Le gouvernement doit arrêter de sacrifier les principes qui font la grandeur de la France.
Les socialistes doivent se mobiliser pour que le décret sur les tests ADN imposés aux enfants ne soit pas publié et que la circulaire faisant du chantage à la délation soit immédiatement retirée.