Gaëtan Gorce : "N'oublions pas Ibni Oumar Mahamat Saleh"
Mercredi matin, à l'Assemblée nationale, j'ai tenu avec Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret, une conférence de presse pour présenter la lettre ouverte que nous venons d'adresser au Président de la République sur les conditions de la disparition d'Ibni Oumar Mahamat Saleh. Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'indiquer, et comme l'a confirmé la commission d'enquête constituée l'été dernier, Ibni Oumar Mahamat Saleh a très certainement été arrêté le 3 février 2008, détenu et assassiné par les autorités tchadiennes.
Nul ne semble s'en émouvoir. Le 4 juin, le Président de la République, dans une lettre qui m'était destinée se déclarait « personnellement engagé pour que toute la lumière soit faîte sur cette disparition ». Depuis lors, et malgré les éléments nouveaux produits en particulier par la commission d'enquête il n'a plus répondu à aucune des correspondances que nous lui avons adressé avec Jean-Pierre Sueur, il semble évident qu'une conspiration du silence s'est mise en place tablant sur la résignation progressive de la famille et des hommes et des femmes qui s'étaient mobilisés pour obtenir la vérité.
Cette conspiration du silence, qui, du point de vue français, repose sur des motivations qui mériteraient d'être éclaircies, nous ne pouvons ni ne devons l'accepter. Il ne s'agit pas en effet d'une affaire intérieure tchadienne. Il ne s'agit pas non plus d'un problème politique français. Il s'agit simplement du droit élémentaire de connaître la vérité sur les conditions de la mort d'un homme que rien, ni la nature de son engagement, ni son intégrité, ni son autorité morale, ne désignait pour une fin aussi sombre.
Aussi j'en appelle à toutes celles et ceux qui me font la gentillesse de me lire, je tiens à leur disposition un dossier complet. Je leur demande, là où ils sont, avec les moyens dont ils disposent, de faire connaître cette affaire et de mobiliser l'opinion.