Entretien de Manuel Valls dans Le Parisien

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

Retrouvez l'entretien publié dans Le Parisien du 14 février 2009.

Martine Aubry et Ségolène Royal se tendent la main. La réconciliation est-elle possible au PS ?

Manuel Valls. Les divisions issues du congrès de Reims n’intéressent pas les Français. Leurs préoccupations, ce sont la crise financière, le chômage, le surendettement… Il y a une grave crise de confiance entre eux et Nicolas Sarkozy. Pour autant, ils ne se tournent pas vers nous parce que nous ne représentons pas l’alternative crédible qu’ils réclament.

Donc, oui, le risque d’un effondrement de notre économie et de crise politique oblige le PS à un sursaut. Il doit se rassembler et parler d’une seule voix.

Pour vous, Ségolène Royal doit entrer dans la direction ?

Sa place est à part. Elle a été candidate à la présidentielle, elle est dans un rapport très direct avec les Français. En revanche, ses amis doivent être totalement partie prenante de la direction du parti afin d’y assurer des responsabilités importantes, impulser un projet, rénover en profondeur notre formation, organiser des primaires ouvertes pour désigner notre candidat pour 2012.

Attendez-vous aussi une ouverture aux élections européennes du 7 juin ?

La représentation de toutes les sensibilités du PS sur les listes est une règle. Il serait invraisemblable que Vincent Peillon ne soit pas tête de liste dans la région Nord. Ces élections doivent être l’occasion pour les socialistes d’exiger que l’Europe se mobilise pour inverser la tendance, soutenir massivement la consommation et l’investissement à travers un grand plan de relance coordonné sur la base de grands travaux, d’un grand emprunt et d’une réduction drastique des taux d’intérêt.

Face à la crise vous prônez l’unité des socialistes. Souhaitez-vous une union nationale ?

Attention à ne pas ajouter de la confusion. En revanche, que la majorité et l’opposition agissent dans un esprit de responsabilité, cela oui, j’y suis favorable. Majorité et opposition pourraient ainsi soutenir la création du fonds d’investissement social d’aide aux victimes de la crise que propose la CFDT. Bref, nous pourrions travailler ensemble à condition que le gouvernement soit capable de nous entendre et qu’il renonce au bouclier fiscal et aux heures supplémentaires qui détruisent de l’emploi.

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, estime que la crise sociale entraînera une crise politique...

C’est le calcul d’Olivier Besancenot. L’extrême gauche se nourrit, elle, du malaise social. Nous aurions tort de miser là-dessus. Souvenons-nous des leçons de l’histoire : une crise économique et sociale d’une telle ampleur provoque plutôt le repli sur soi, la xénophobie, le populisme… Evidemment, nous sommes présents auprès des salariés en difficulté. Mais il faut aussi bâtir un projet crédible. Ne cherchons pas à séduire le NPA, qui veut diviser la gauche, cela aboutirait à légitimer ses thèses et à nous amener dans une impasse.

Martine Aubry, craint que les événements qui secouent les Antilles ne se propagent en métropole : et vous ?

Aux Antilles, comme en métropole, il y a une gestion erratique de la crise par le pouvoir qui illustre les défaillances d’une gouvernance où des ministres agissent sans feuille de route et dans la crainte permanente d’être désavoués par Nicolas Sarkozy. A l’évidence, la crise en Guadeloupe ne préoccupe pas le président. Le sommet de l’Etat a vraiment besoin d’une boussole.

 

Publié dans L'Espoir à gauche

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