Jean-Louis Bianco : "L'autisme du gouvernement"

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

Aujourd’hui, j’ai demandé, en séance à l’Assemblée, pourquoi le gouvernement ne discutait pas avec l’opposition et les syndicats pour répondre efficacement et sérieusement à la crise.

La seule réponse, en substance, de la ministre de l’Économie Christine Lagarde a été : "Nous n’avons pas à écouter"…

Vous pouvez écouter ma question en cliquant ici, ou lire la retranscription ci-dessous.

Jean-Louis Bianco

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"Monsieur le Premier Ministre,

La France, l’Europe, le monde doivent affronter une crise terriblement grave. Nous connaissons un recul sans précédent de la production industrielle, et, au quatrième trimestre 2008, la plus forte baisse de croissance depuis 1974. 

La tâche des Etats est difficile, chacun le comprend. Vous en appelez, Monsieur le Premier Ministre, à l’unité nationale. Mais comment vous croire quand, semaine après semaine, vous traitez par le mépris toutes, je dis bien toutes les propositions des socialistes. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi vous vous refusez à mettre en œuvre un plan de relance à la hauteur de la situation, c'est-à-dire un plan de relance qui ne soit pas unijambiste, qui marche sur deux jambes, qui traite à la fois l’investissement et le pouvoir d’achat. 

Dans la situation que nous connaissons, face à la multiplication des plans sociaux, il y a une priorité absolue : redonner confiance aux Français. Et pour cela, il faut agir vite et fort. Je prendrai un exemple que vous connaissez, Monsieur le Premier Ministre, les Alpes de Haute Provence, sont frappées dans l’industrie par un deuxième plan social en quelques années. Nous avons le projet, prêt à être lancé d’une usine de silicium pour fabriquer des panneaux solaires.

La décision traîne depuis des semaines. Il faut que la volonté politique se traduise en actes, c’est à dire par un engagement imminent du Fonds stratégique d’investissement ou par un prêt de l’Etat.

Le président de la République reçoit demain les organisations syndicales. Le moment est décisif. Mais comment redonner confiance aux Français quand vous annoncez pour financer les mesures sociales 1 milliard 400 000 euros de dividendes, d’ailleurs pas encore versés ? Comment les Français ne feraient-ils pas une comparaison entre le chiffre dérisoire et les 340 milliards d’euros annoncés pour les banques ! Les syndicats vous font des propositions sérieuses et intéressantes : je vous en conjure acceptez le dialogue, partez de leurs propositions au lieu d’imposer les vôtres ! 

Pour retrouver la confiance, monsieur le Premier ministre, il ne fallait pas annoncer d’abord la suppression de la taxe professionnelle, qui représente 50% des ressources des collectivités locales et ensuite, seulement ensuite, faire des vagues promesses sur son remplacement. De toute manière qui paiera ? Ou bien les entreprises, et c’est une opération de gribouille, ou bien les familles, et vous pénaliserez encore plus le pouvoir d’achat. 

Pour retrouver la confiance, monsieur le Premier ministre, il ne fallait pas avoir deux discours aux Antilles : accord à Pointe à Pitre avec Monsieur Jégo, démenti ensuite à Paris par vous-même.

Pour redonner la confiance, monsieur le Premier ministre, il faut une initiative franco-allemande forte et rapide.

Pour redonner confiance, il faut supprimer le fameux paquet fiscal qui n’a bénéficié qu’aux plus aisés sans améliorer la croissance.

Pour redonner confiance, il faut un plan de relance à la hauteur de la situation, c’est à dire au moins 50 milliards d’euros.

Oui ou non, monsieur le Premier ministre, allez-vous discuter sérieusement des propositions de l’opposition et des propositions des syndicats, qui souvent se rejoignent ?"

 

Publié dans L'Espoir à gauche

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