TOTAL ET SON PATRON SERONT POURSUIVIS DANS L'AFFAIRE AZF
LibéToulouse
26/02/2009
JUSTICE. «Il y a désormais quatre personnes poursuivies dans ce dossier». Le président du tribunal correctionnel de Toulouse a le souci et le sens de la pédagogie.
Le prononcé de la «recevabilité de la demande des parties civiles pour une citation à comparaître» visant Total et son patron pouvait rester encore un brin trop jargonneuse. Thomas Le Monnyer choisit d’expliquer aux parties civiles et à l’opinion publique en général que Thierry Desmaret et son groupe pétrolier rejoignent à partir de ce jour la société Grande paroisse propriétaire d’AZF et son directeur Toulousain Serge Biechlin sur le banc des prévenus.
Le procès peut commencer dès lors qu’y seront entendus tous ceux que cette opinion publique, en tout cas toulousaine, considère comme devant rendre des comptes à la justice quant à l’explosion de l’usine qui a tué 31 personnes le 21 septembre 2001 : les responsables, mais aussi leurs chefs.
Il a fallu un jour plein au tribunal pour se décider. Les débats ont eu lieu mercredi. Où l’avocat de Total a plaidé la non recevabilité de cette demande de comparution au motif que la chambre d’instruction de la cour d’appel avait déjà délivré un «non-lieu au moins implicite» à ses clients.
Ni Total ni son patron n’ont en effet jamais été entendus en qualité de témoins tout le temps de l’instruction. Les demandes d’actes les concernant et les plaintes déposées contre eux ont de même été rejetées. «N’étant pas possible dans le droit français de juger deux fois la même personne pour des faits identiques», M°Jean Veil considérait donc ses clients comme étant hors du coup.
La décision contraire du tribunal n’est toutefois «pas surprenante», explique le représentant de Total à Toulouse sorti téléphoner pendant une suspension de séance : «le procureur a requis l’irrecevabilité, souffle ainsi Patrick Timbart. Mais de manière très ambiguë».
Le ministère public estimait en effet que le «non lieu au moins implicite» dispensait Total et Desmaret de comparaître, mais disait comprendre les parties civiles dans leur demande tout en s’inclinant «devant leur douleur et leur dignité». Et dans le cas ou le tribunal ne l’entendrait pas, il demandait que cette question soit jointe au fond du dossier…
«Peut-on éviter que l’impunité des uns rende plus insupportable encore la douleur des autres ?» interrogeait en suivant M°Simon Cohen pour les parties civiles.
Et de citer cette «simple secrétaire» qu’il ne fallait pas priver d’entendre «ceux qui sont aux manettes», ces instituteurs d’une école ravagée par l’explosion qui se sont cotisés pour verser les 750 euros de consignation exigés au dépôt de leur demande ou encore cette étudiante plaignante que le tribunal ne devait laisser dans l’idée qu’il y aurait d’un côté «la masse de ceux qui subissent» et «quelques puissants qui font défaut» de l’autre.
Concrètement, Total et Thierry Desmaret ne sauront qu’à le fin de ce procès s’ils sont ou non tenus pour responsables de cette catastrophe industrielle. En attendant, ils seront sollicités, entendus et priés de se défendre comme les deux autres prévenus.
«Autant pour moi, concède M°Cohen. J’imaginais lundi que cette demande de citation ferait “pschitt”, la voilà qui fait “boum!”».
GLv.