Manifestation à Paris contre les expulsions locatives à la veille de la fin de la trêve hivernale
Entre 1 100 et 5 000 personnes, selon la police et les organisateurs, ont manifesté, dimanche 15 mars à Paris, à l'appel d'associations de défense de mal-logés pour réclamer l'arrêt des expulsions locatives à la veille de la fin de la trêve hivernale. La trêve hivernale (1er novembre-15 mars), durant laquelle aucune expulsion locative n'est possible, prend fin 'au 1er jour ouvrable après la date du 15 mars', en l'occurrence lundi à 6 heures du matin.
Vers 15 heures, le cortège, avec à sa tête le professeur Albert Jacquard, s'est ébranlé de la Place de la République en direction de la Place du Châtelet, où la manifestation devait se disperser. Les manifestants, qui scandaient 'locataires, mal-logés, solidarité' ou 'un toit, c'est la loi', défilaient derrière une banderole jaune où était écrit 'Non aux expulsions, baisse des loyers'.
'LES FAUSSES PROMESSES DE MME BOUTIN'
'Les personnes menacées d'expulsion doivent faire attention aux fausses promesses de Mme Boutin [la ministre du logement] : vous devez rester dans les lieux jusqu'au bout de la procédure et n'hésitez pas à sortir de la honte', a conseillé Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole de Droit au logement (Dal). Christine Boutin avait annoncé, jeudi, que 'désormais, il n'y aurait plus de personnes mises à la rue, plus d'expulsions sans une solution de remplacement'. 'Les propos de Mme Boutin sont révoltants, si elle veut arrêter les expulsions, il faut un moratoire et l'application de la loi de réquisition' des logements vides, a dénoncé M. Eyraud.
Pour le président de la Confédération nationale du logement (CNL), Jean-Pierre Giacomo, le discours de la ministre 'n'est pas crédible', citant le cas d'une famille expulsée dans l'Allier qui s'est vu proposer 'trois nuits d'hôtels'. 'Les préfets n'ont déjà pas les moyens d'appliquer la loi Dalo [loi sur le droit au logement opposable], comment imaginer qu'on va trouver des logements aux expulsés ?', a-t-il interrogé.... lire la suite de l'article sur Le Monde.fr
La trêve hivernale empêchant les expulsions locatives a pris fin lundi à 6 heures. Pour s'opposer à cette reprise, Emmaüs a érigé ce matin une pyramide de matelas au centre de la place de la République à Paris. Ni plus ni moins que le prolongement de l'action du collectif - regroupant 32 associations - conduit par la fondation Abbé-Pierre et la Confédération générale du logement qui réclame un moratoire.
Christine Boutin s'est pourtant engagée jeudi à ce qu'il n'y ait désormais "plus de personnes mises à la rue, plus d'expulsions sans une solution de remplacement". La promesse de la ministre du Logement n'a toutefois pas convaincu les associations. Car ces dernières pensent que parmi les "solutions de remplacement", il y aura davantage d'hébergement - des solutions provisoires en hôtel ou foyer - que de logements stables. Pour le président de la Confédération nationale du logement (CNL), le discours de Christine Boutin "n'est pas crédible". Jean-Pierre Giacomo a cité l'exemple d'une famille expulsée dans l'Allier qui s'est vu proposer "trois nuits d'hôtels". "Les préfets n'ont déjà pas les moyens d'appliquer la loi Dalo (loi sur le droit au logement opposable NDLR), comment imaginer qu'on va trouver des logements aux expulsés ?", s'est-il interrogé, dubitatif.
11.322 expulsions de logements en 2007
Les défenseurs des mal-logés se sont déjà mobilisés tout le week-end. Dimanche, une manifestation a réuni à Paris entre 1.000 personnes - selon la police - et 5.000 - selon les organisateurs - pour dire "non aux expulsions" et demander une baisse des loyers. "Les personnes menacées d'expulsion doivent faire attention aux fausses promesses de Christine Boutin : vous devez rester dans les lieux jusqu'au bout de la procédure et n'hésitez pas à sortir de la honte. Ses propos sont révoltants, si elle veut arrêter les expulsions, il faut un moratoire et l'application de la loi de réquisition (des logements vides, NDLR)", a martelé Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole de Droit au logement (Dal). À Toulouse, une centaine de personnes se sont allongées symboliquement sur des matelas devant la préfecture de Haute-Garonne.
D'après l'association fondée par l'abbé Pierre, 500.000 ménages sont actuellement en situation d'impayés de loyer et "près de 221.000 personnes occupent" actuellement "un logement sans droit et sans titre suite à une décision d'expulsion". En 2008, les préfets ont autorisé 28.021 expulsions de logements, avec le concours de la force publique, soit une hausse de 5,58 % par rapport à l'année précédente (26.539). Mais 11.322 expulsions ont été effectivement réalisées - contre 10.719 l'année précédente -, les autres dossiers ayant fait l'objet, entre-temps, de départs à l'amiable ou de relogements, d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur.