Redonnons un coup de jeune à la démocratie !
Le président Sarkozy tombe dans les sondages. Une preuve de plus, s’il en était besoin, de la crise profonde de la démocratie représentative dans notre pays. Comme toujours dans ces cas là, nos dirigeants ne manquent pas d’arguments pour tenter d’expliquer cette situation et la crise boursière tombe à pic pour détourner l’attention des français des sujets de fond. On finit par nous faire croire que, face à la mondialisation, les marges de manœuvres pour agir sur notre économie sont quasi nulles. Mais les vraies questions ne sont jamais posées.
Le président Sarkozy déçoit (son style aussi bien que sa politique) pourtant il est comme il a toujours été et fait ce qu’il avait promis de faire. Alors on se demande pourquoi 53% des français, surtout parmi les classes populaires, ont voté pour lui et surtout s’ils l’ont fait en toute connaissance de cause. Et que dire de la colère de tous ceux qui n’ont pas voté pour lui ? Celle-ci finit par se retourner contre la démocratie elle-même car ils sont de plus en plus nombreux à se dire : « A quoi bon voter, finalement ? » Et en nous observant, tous les anti-démocrates se frottent les mains. On vous l’avait bien dit ! La démocratie, ce n’est que la dictature de la majorité sur la minorité, prétendent ceux qui ne votent jamais. La «démocratie bourgeoise» a été créée pour servir la bourgeoisie capitaliste, affirmaient aussi les régimes communistes pour justifier le totalitarisme. La démocratie est incompatible avec la foi religieuse, soutiennent maintenant les intégristes islamistes. La démocratie est inadaptée aux pays sous-développés, entend-ont dire encore pour justifier les pires dictatures. Trop de démocratie nuit à la suprématie de la finance et des multinationales, pourrait-on aussi rajouter, en disant tout haut ce que certains ultra-libéraux pensent tout bas.
Que faire, alors ? Tout simplement répondre à la bonne question. Ce qui ne marche plus dans notre système politique, ce n’est pas un ras-le-bol contre la démocratie elle-même, mais plutôt l’usage qui en est fait par nos dirigeants. Car c’est bien l’insuffisance de démocratie qui menace la démocratie, pas l’inverse. La meilleure preuve en est l’usage des sondages d’opinion de plus en plus fréquents. Faut-il s’en plaindre ? L’opinion est versatile, on le sait, mais elle demande à s’exprimer de plus en plus quand les médias lui en donne l’occasion, phénomène tendant même à remplacer la manifestation de rue.
Internet est devenue aussi l'un des plus formidables moyens d’exprimer son opinion. D’où la nécessité de disposer d’une presse, de radios et de chaînes TV qui soient vraiment libres et indépendantes. Pour nommer cette influence grandissante de l’opinion sur la vie politique, on parle volontiers de doxocratie. Mais certains y voient le risque d’une dictature d’opinion qui menacerait le besoin nécessaire du temps et de la réflexion propre aux grandes décisions politiques. Ce risque existe. La loi abolissant la peine de mort n’aurait certainement pas été votée en 1981 si l’on avait demandé l’avis de l’opinion. Mais il s’agit d’un cas particulier où les passions priment sur la raison.
Les Français veulent s’exprimer davantage et pas seulement en déposant de temps un temps un bulletin dans l’urne pour donner carte blanche à des élus qui ont trop vite tendance à les oublier. Il faut leur en donner les moyens et faire en sorte que leurs avis soient réellement pris en compte. C’est là qu’intervient la mise en place d’une véritable démocratie participative que Ségolène Royal avait commencé à ébaucher et avait voulu inscrire dans son programme. Le PS s’en souviendra t-il ?
Manuel Santos Quelhas