Cluzel, Rue89 : intimidations
Et la discrétion continue. C'est au soir de l'ouverture du fameux gévin, alors que les projecteurs sont braqués sur Londres, que l'on apprenait, sur le site du Figaro, que Sarkozy avait franchi le pas, et décidé de changer le président de Radio France, coupable des deux graves délits d'avoir laissé photographier ses tatouages, et laissé prospérer sur France Inter un humoriste qui ne fait pas rire le château. Ledit président, Jean-Paul Cluzel, l'a appris par "un coup de fil de l'Elysée".
Le plus frappant, ce n'est pas que Sarkozy use de ce nouveau pouvoir. C'est le manifeste embarras du Décomplexé en chef. Le nom du successeur pressenti de Cluzel, Jean-Luc Hees, a d'abord fuité sur le site du Point. L'Elysée l'a ensuite le plus innocement du monde confirmé au Monde, qui en faisait la demande. Pas de tam tam, pas de tralala. On ne bombe pas le torse. On ne claironne pas qu'on va redresser la radio publique (qui n'en a pas besoin, elle va très bien). On n'a pas "une grande vision de la radio", comme on en a une de la télé. On chuchote. Sur les raisons profondes de cette discrétion de violette, j'ai mon hypothèse, et je l'ai détaillée ailleurs. On se demande d'ailleurs pourquoi le pouvoir marche sur des oeufs : l'affaire ne semble émouvoir personne.
Hasard du calendrier : ce vidage intervient alors même que des journalistes de Rue89 et de France 3 sont convoqués par la police, dans une enquête pour "vol, recel et contrefaçon", ouverte après la fuite de la fameuse cassette du "Sarko off". Les amoureux de la chose juridique seraient curieux de voir cette procédure aller jusqu'à son terme. Ils sont impatients de savoir où sont, dans cette affaire, le "vol", le "recel", et la "contrefaçon". France Inter, France 3, Rue 89 : le calendrier fait finalement bien les choses, qui rapproche deux opérations ayant le même but : intimider tout ce qui dépasse. Vaste programme. Et qui risque d'être de plus en plus vaste dans les temps qui viennent.
Source : http://www.arretsurimages.net