Bertrand Cousin, ancien député, révèle dans un livre que la France expérimentait le gaz sarin dans le Sahara!
Bertrand Cousin, ancien député, a été impliqué en 1966 durant son service militaire comme lieutenant de l’infanterie de marine dans des expérimentations de gaz toxiques au Sahara.
Dans un livre récemment publié (un énarque dans la choucroute, édition le cherche midi, novembre 2009) il raconte cet épisode qui n’est pas sans rappeler l’actualité "des cobayes de l'atome".
Je me suis entretenu avec lui exclusivement pour Lepost.fr.
L’actualité se focalise sur l’exposition volontaire de militaires français lors des essais nucléaires au Sahara, vous nous apprenez que des gaz toxiques étaient testés au Sahara, qu’en était-il ?
"Dans une base secrète B2 au milieu de nulle part des obus pleins de gaz sarin (le même que celui de la secte aoun dans le métro de Tokyo) étaient tirés du haut d’un échafaudage. Il s’agissait de choisir un explosif qui n’altérait pas la terrible nocivité du gaz sarin (on en meurt par tétanie)."
Qui participaient à ces expérimentations ?
"A tour de rôle, trois sections de quarante militaires imaginaient un balai grotesque en tenue de guerre chimique sous le soleil pour prélever des échantillons imprégnés par le gaz.
Ces échantillons étaient ensuite analysés au laboratoire du centre "Bouchet" (sur place), organisme militaire en charge de la guerre chimique."
Y avait-il un danger pour vos hommes et vous-même, ainsi que pour les tribus nomades alentour ?
Bien sûr. Le gaz est très efficace car il traverse par capillarité les habits, les chaussures et même le caoutchouc. Ainsi après chaque opération, nous avions le droit à une prise de sang pour vérifier s’il y avait eu une contamination. Quant aux nomades, nous partions alternativement en patrouille avec un interprète pour les dissuader d’aller faire paître leurs troupeaux dans des zones contaminées…
Quels pays étaient impliqués dans ces expérimentations ?
"Alors que la France du Général de Gaulle venait de quitter l’Otan, l’armée française continuait de collaborer étroitement avec des spécialistes américains de la guerre chimique installés avec nous."
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