Citoyens et administration: un fossé qui se creuse...
Sombre. C’est en effet un tableau plutôt morose que dresse le médiateur de la République dans son dernier rapport annuel. Chaque année, le médiateur de la République dresse le bilan des sujets sur lesquels les citoyens le saisissent quand ils sont en litige avec l’administration. Il prend donc le pouls d’une certaine réalité sociale. La crise marque donc la cuvée 2009 : « jamais le risque de basculer dans la précarité n’a semblé si grand », note Jean-Paul Delevoye en préambule.
Au contexte social tendu s’ajoute une inflation législative qui rend difficile l’application des textes de loi et qui de fait crée des situations d’inégalité et d’iniquité. A ce titre, le constat du médiateur est sans appel : « la loi n’apparaît plus comme le bouclier du plus faible contre le plus fort mais comme une arme aux mains du plus fort pour asseoir sa domination contre le plus faible ».
Avec 76.286 affaires reçues pour cette année, en augmentation de 16% par rapport à 2008, l’institution tente de mettre un pansement sur les tracas quotidiens de la population.
Les points noirs de l’administration
Le pôle santé et sécurité des soins, crée en 2009, remporte la palme des réclamations. Lacunes dans l’accueil, manque d’informations au public, défauts de soins, ou encore cas de maltraitance dans les établissements hospitaliers sont dénoncés. Un « personnel médical sous pression » notamment dans les services d’urgence où les patients sont toujours plus nombreux, expliquerait en partie ces phénomènes.
Dans son rapport, le médiateur brocarde également les excès de zèle de l’administration en matière de renouvellement de papiers d’identité. Pour les français nés à l’étranger et dont l’un des parents est né à l’étranger, obtenir les précieux documents devient bien souvent un véritable parcours du combattant. Il faut accumuler les preuves de nationalité. Et, pour justifier cette rigidité, l’administration se réfugie souvent derrière la loi.
Le médiateur propose des solutions pour atteindre une certaine rationalisation « censée mettre fin à la gabegie et optimiser l’efficacité et le rendement des organisations du travail dans la fonction publique. ». Gageons que le médiateur de la République qui deviendra le « Défenseur des droits » lors d’une prochaine réforme de son statut, puisse atténuer la peine des citoyens face à la « jungle administrative ».
Source: Le Post.fr