Enquête après la garde à vue de trois collégiennes
Les parents des mineures interpellées jugent abusives l'interpellation et la garde à vue de leurs enfants. Le préfet de Paris demande l'ouverture d'une enquête.

LEXPRESS.fr/Elise Brissaud
Trois collégiennes de 14 ans ont été placées en garde à vue pendant dix heures la semaine dernière dans un commissariat parisien après une bagarre dans leur collège, a annoncé la mère de l'une d'elles, confirmant une information de France Info.
Un collégien, qui accompagnait les jeunes filles, a été interpellé le mardi 2 février, à 20h00, et n'a été relâché que le jeudi matin, à 1h00, après avoir passé plus de 25 heures en garde à vue, a précisé cette mère de famille.
Les faits remontent au mardi 2 février au soir, à la sortie d'un collège du XXe arrondissement de Paris, lorsqu'une bagarre éclate entre deux garçons. Le garçon, par la suite interpellé, donne des coups mais "pas les filles qui ont essayé de séparer les protagonistes", a affirmé la maman d'Anne, la collégienne interpellée chez elle.
Le lendemain, six policiers se rendent au collège et demandent à deux jeunes filles de les suivre. Ils vont ensuite au domicile d'Anne, restée à la maison car elle était souffrante. Cueillie chez elle à 10h30, elle part en jogging, la tenue dans laquelle elle dormait, avec les policiers. Ceux-ci annoncent aux jeunes filles leur mise en garde à vue. Puis elles sont placées en cellule, leurs lacets ayant été confisqués.
Le préfet de Paris demande une enquête
Lors d'un transfert chez le médecin, les trois jeunes filles seront menottées dans le fourgon de police. Elles seront rendues à leurs parents le soir, à 20h00, après la prise de photos individuelles par la police.
"Je comprends très bien qu'on demande des explications après une bagarre, qu'il y ait une convocation au commissariat. Mais je trouve le dispositif d'interpellation au domicile suivi d'une garde à vue complètement disproportionné", a affirmé la mère d'Anne.
La préfecture de police a annoncé que le préfet de police avait demandé à l'Inspection générale des services (IGS, "police des polices") une enquête administrative pour savoir si une faute avait été commise par la police.
Selon la loi, un enfant de 13 à 16 ans peut être placé en garde à vue pendant 24 heures, si des indices laissent penser qu'il a commis ou tenté de commettre une infraction.
Un enfant de 13 à 16 ans peut être placé en garde à vue pendant 24 heures si des indices laissent penser qu'il a commis ou tenté de commettre une infraction. La prolongation de sa garde à vue peut être décidée après présentation au procureur ou au juge, seulement si les crimes et délits concernés sont passibles d'une peine d'au moins 5 ans.
Si le mineur est âgé de 10 à 13 ans il peut être retenu par un officier de police judiciaire (OPJ) durant 12 heures si des indices laissent penser qu'il a commis ou tenté de commettre un crime ou un délit puni d'au moins 5 ans de prison. Sa retenue doit se faire sous le contrôle du procureur ou du juge. Elle peut être prolongée de 12 heures maximum, après sa présention au magistrat qui a ordonné la mesure.
Si l'enfant a moins de 10 ans il ne peut pas être placé en garde à vue, quelle que soit l'infraction commise, mais peut être convoqué par un OPJ.
De 16 à 18 ans la garde à vue répond aux mêmes règles que celle d'une personne majeure mais le mineur sera toujours présenté au procureur ou au juge avant toute prolongation.