Et si on lançait un débat sur l’identité de l’UMP ?

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

 

En marge de la question qui agite le débat public — mais qu’en est-il de l’opinion ? — on pourrait, sans trop d’ironie, s’interroger sur l’existence d’une identité politique de l’UMP.

Il est certes convenu, ces derniers temps, de sonder le terroir socialiste. Sans y trouver de pétrole ou autre énergie — épuisement des ressources, peut-être, mais du fossile à revendre. Rien de tel à l’UMP, dont on peut observer les turbulences de crêtes, mais pas l’oscillation des fondations.

Pourtant, l’actualité devrait conduire à y jeter un œil. Le parti majoritaire a perdu des adhérents, malgré une stratégie de conquête affirmée. Suivant les hoquets de l’actualité, des voix militantes ont exprimé une déception empreinte de rancœur. L’affaire de l’EPAD et, d’une certaine façon, le ballet des polémiques qui a entouré le soutien de Frédéric Mitterrand à Roman Polanski ont chahuté des valeurs identitaires de la droite populaire.

Le mérite, assurément, constitue l’une d’entre elles. Il fut — et demeure — professé par le Président Sarkozy. Mais on doit constater que le choix des hommes — et des femmes — a parfois répondu davantage à une politique d’image que de compétence administrative ou politique1. Non, d’ailleurs, que l’image soit indifférente au talent politique — il faut bien un peu de charisme — mais elle ne suffit pas à l’embrasser. Plus récemment, le soupçon a pu naître que les faveurs étaient désormais distribuées sur la seule foi des liens personnels. Ce qui, assurément, se trouve très éloigné d’une allocation des charges et honneurs fondée sur le mérite.

Pour ce qui concerne les affaires Polanski/Mitterrand, c’était autre chose : Une brisure dans la convention de loyauté qui doit unir les élites et la plèbe. L’UMP se veut populaire. Ce qui interdit de privilégier les puissants ou les nantis. En soulevant, lors de l’arrestation de Roman Polanski, l’argument de sa carrière artistique, la majorité a pu laisser croire qu’elle cédait à une conception différenciée de la justice. Ceux qui ont été comblés des lumières de la notoriété devraient-ils échapper au sort des petites gens lorsqu’ils doivent répondre de leurs actes ? C’est peut-être de mentalité aristocratique — et encore, dégénérée2— mais certainement pas de la sève populaire qui innerve la droite conservatrice contemporaine.

Ceci sans compter les légèretés de mœurs qu’ont mis au jour l’effervescence du débat public. Sans être exagérément puritaine, la droite se veut au moins pudique3 ; c’est de bonne convention bourgeoise, comme plébéienne. Et si une nouvelle bourgeoisie a pu s’abandonner depuis quelques dizaines d’années à un certain libéralisme des mœurs, elle ne constitue pas le socle électoral — ou identitaire — de la droite populaire.

Et de fait, quel est ce panier de valeurs sur lequel l’UMP entend prospérer ?

Après quelques années de domination sarkozienne, on peine à le définir. On avait pu croire que le Président en campagne avait trouvé une forme de synthèse moderne et conquérante pour la droite. On peut désormais émettre quelques doutes. Car c’est finalement davantage un modèle de communication et de Gouvernement que celui-ci a imposé. Modèle qui a largement diffusé à gauche et au centre. Peut-être pas pour le meilleur.

De substrat politique, il n’y a guère. Et l’on peut encore s’interroger sur e qui distingue idéologiquement la gauche de la droite. Ce que la gauche reproche à la politique du Président Sarkozy — dont l’UMP s’est faite d’indissociable support — tient moins au valeurs qu’il proclame qu’à celles qu’il met en œuvre. Ce qui ne signifie pas pour autant que ces dernières puissent être attribuées à la droite. Et si l’on devait, au calme, chercher le fruit de la querelle, peut-être tomberait-on sur une pomme d’amour plutôt que sur sa sœur de discorde.

Reste sans doute, comme la dernière feuille d’un arbre d’automne, la rigueur en matière répressive. Au risque d’une outrance inefficace. Tant de fois usée qu’elle semble désormais détachée de son objet. Un simple véhicule électoral sans assise intellectuelle, qui peut heurter mon ami Authueil :

Cette surenchère des députés UMP est absolument écœurante. C’est rare que je m’énerve, mais là, c’est trop. Et je ne gueule pas seulement après ceux qui ont déposés ces amendements dont certains sont inspirés par des lobbys (je soupçonne très fortement l’institut pour la justice). Je suis aussi en colère contre les députés UMP qui se taisent devant un tel déchainement de connerie répressive. Ils laissent ainsi croire que cette position extrémiste est unanimement partagée à droite. (…) Cette droite qui s’exprime sur ce texte, c’est celle du rétablissement de la peine de mort, ce n’est pas la mienne.

De fait, je ne suis pas certain que ladite surenchère témoigne — seulement — d’une réaffirmation de la tendance répressive de la droite populaire. Il s’agit encore, me semble-t-il, d’une forme d’affolement. Une façon de se raccrocher à une recette déjà fatiguée, comme l’on serre une bouée dans le naufrage. Cela trahit la désorientation. Une crise d’identité, peut-être.

Voilà qui appelle un débat national.

Fort heureusement, les campagnes électorales sont destinées à y pourvoir. Pourvu qu’on s’en donne la peine, il est vrai. A droite, mais aussi à gauche.

NB : Le logo de l’UMP est une marque dont la reproduction est soumise à l’article L. 713-3 du Code de la propriété intellectuelle. Elle est utilisée ici, sans autorisation, à titre d’illustration d’un article d’actualité, et sans risque de confusion pour le public.

  1. Et dans un style analogue, la gratification de la Légion d’honneur à Ingrid Bétancourt.
  2. La dignité de la noblesse se paye traditionnellement de la dette de sang.
  3. La gauche aussi, d’ailleurs.
Source: http://dinersroom.eu/3537/et-si-on-lancait-un-debat-sur-lidentite-de-lump/
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