Jury-citoyen : l'expertise de la sagesse populaire - par Kritix

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

Kritix, le samedi 27 février 2010

Alors que la séance publique du conseil régional de Poitou-Charentes du 18 janvier entrait dans sa dernière ligne droite (voir la chronique précédente), l'opposant FN Alain Leroy fit une dernière fois quelques remontrances des plus suaves pour le spectacle, des plus regrettables pour les sans grades : bien que limitées, les politiques régionales ont toutes le mérite de revenir aux fondamentaux républicains et de rendre au peuple sa souveraineté pleine et entière. En Poitou-Charentes, la politique est redevenue l'affaire de tous : les jurys -citoyens ne sont-ils pas les épines de la rose socialiste ? Toutes les roses sont belles, mais la plupart d'entre elles... piquent : aux élus de les entendre, les comprendre, les défendre... sans les voler ni les duper.

la présidente Ségolène Royal et un Jury Citoyen, lors du Conseil régional Poitou-Charentes du 18 janvier 2010.
la présidente Ségolène Royal et un Jury Citoyen, lors du Conseil régional Poitou-Charentes du 18 janvier 2010.
© kritix.com

C'est avec dévotion que madame la présidente Ségolène Royal écouta le conseiller Alain Leroy qui se fit tranchant sur la gestion des deniers publiques :
       « On a un ensemble d'organismes là qui ont demandés des subventions que vous octroyez généreusement ; et on ne sait pas quand ça se passe, quel est le budget de l'opération, ce qui est une information de base, minimale pour les élus. On ne sait pas quand ça se passe, quel est le budget de la manifestation, quelle est la contribution de l'association aux ressources de cette manifestation ! Donc on est là ! Alors qu'est-ce qu'on a comme impression, quand on est élu de l'opposition en période préélectorale ? Alors on dit madame Royal arrose !
       — Non, non, non, vous permettez monsieur Leroy ! Vous siégez dans cette assemblée depuis 10 ans...
       — Plus : 18ans !
rectifia-t-il sèchement.
       — Les procédures en commissions permanentes et l'accès aux dossiers ont toujours les mêmes. Le budget est constant, on n'a pas augmenté les impôts dans cette région.
[À la différence des autres régions socialistes, toutes confondues ! NDLR] Et donc nous répartissons les subventions... Et je vous passerai la liste des refus que nous opposons ! La masse des demandes financières qui arrivent dans la région et notamment au regard du désengagement de l'État dans l'ensemble des associations...
       — Oh non !
fit Henri de Richemont par devoir...
       — Mais si vous le savez monsieur de Richemont ! [...] Je vais vous dire quelque chose monsieur Leroy : j'aimerais bien en aider davantage ! Si je pouvais, j'aimerais bien en aider beaucoup plus que nous le faisons aujourd'hui. Donc nous essayons de faire les choses avec sérieux, en regardant les dossiers sans aucun critères politiques, sans aucun critère politique...
       — C'est pas le problème,
fit Alain Leroy.
       — Non mais attendez ! Vous pouvez regarder les communes, l'étiquette politique des communes, etc. Ce sont des choses qui n'interviennent jamais en considération du sérieux des dossiers dans la région ! D'ailleurs si on faisait la liste financières de ce qui tombe dans les territoires, vous le verriez. D'ailleurs, [dans] les pays qui sont présidés à 80% par des élus de droite : les subventions arrivent de la même façon dés lors que les dossiers sont sérieux et permettent le développement des actions sur les territoires, vous le savez ! Je n'accepte pas que vous puissiez insinuer...
       — Non, mais...
tenta d'intervenir Alain Leroy.
       — ...insinuer le moindre poison, concernant les périodes électorales. Je peux vous faire la démonstration du contraire. On vient de délibérer les contrats régionaux de développement [rural] : À 80%, [les élus] ne sont pas de ma sensibilité politique. Et ça ne nous empêche pas, bien au contraire, quand les projets sont bons, quand les entreprises on des projets, [...] on essaie de les aider. Et c'est rien par rapport à la masse des demandes qui arrive dans la région, dans un contexte économique et social difficile. »

la présidente Ségolène Royal et un Jury Citoyen, lors du Conseil régional Poitou-Charentes du 18 janvier 2010.
la présidente Ségolène Royal et un Jury Citoyen, lors du Conseil régional Poitou-Charentes du 18 janvier 2010.
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Alain Leroy reprit :
       « Bon, alors...je vais... j'ai dit : "on pouvait croire". Je n'ai pas dit : "que". J'ai dit : "on pouvait croire". Parce que... Je prends un exemple, madame la présidente...
       — Oh non,
fit une élue de la majorité, exaspérée.
       — ...un seul. Je vais prendre la dernière ligne du tableau de la dette...
       — Ah! Elle est très bonne cette dernière ligne !
       — Mais elle est très bien !
       — C'est avec les ouvrières...
       — C'est là où il y a un déficit démocratique ! Association d'entraide [Aubades]. Action 2010 : 3000 euros. Ce que je voudrais, moi, en tant qu'élu de base, je vais vous le dire. C'est de savoir ce que cette association va faire au cours... Je voudrais savoir ce qu'elle va faire, comment elle va le faire, quel budget elle engage et quelle ressource propre ! [...] Est-ce qu'ils ont des adhérents ? Est-ce qu'ils ont des cotisations qui permettent de financer en partie ? Voilà... Et donc ça, nous ne l'avons pas ! Alors, je continue.
       — Non, non, non, vous m'avez posé une question !
semonça la présidente, le brouhaha aidant.
       — Non mais attendez ! Je finis !
tenta d'intervenir Alain Leroy.
       — C'est moi qui vous donne la parole : j'ai la responsabilité juridique d'animer, de présider cette assemblée. Vous avez mis le doigt sur une association : il s'agit en effet des ouvrières d'Aubade qui, comme vous le savez, ont été laissé sur le carreau suite à une délocalisation en Tunisie ! Nous essayons de remonter un projet et donc éventuellement en SCOP, pour que le savoir-faire de ces ouvrières, qui est exceptionnel, ne disparaisse pas. Nous avons lancé un appel à projets : il y a deux ou trois projets que nous examinons avec beaucoup d'attention pour que l'outil de production reste ici avec les ouvrières. Elles ont constituées une association d'entraide pour ne pas, premièrement, plonger dans la déprime, parce que voir toute sa vie arrachée, délocalisée, et disparaître comme si on n'avait jamais existé : c'est insupportable ! Et quand des ouvrières ont la force de s'en sortir et d'être solidaires et de créer une association pour continuer à aller de l'avant, pour s'entraider, pour avoir accès à la culture, à des formations, etc. Et bien oui, je... eh bien oui nous les aidons... Nous sommes heureux de pouvoir les aider parce que ce qui serait pire c'est que elles n'aient même plus la force de créer une association pour se défendre et pour rester solidaire ! Et bien sûr, elles auront des comptes à rendre sur l'utilisation de ces crédits, comme toutes les associations avec les crédits publiques. Mais je peux vous assurer, que je pense qu'elles en feront un très bon usage dans le cadre de l'intérêt général.
       — Si j'étais à votre place, j'aurais fait la même chose ! Mais, je veux dire, pour que le débat soit clair, il eut fallu que nous le sachions. Moi j'aurais aimé, demander avant...
       — Monsieur Leroy ! Vous avez les rapport dix jours avant notre séance ! Il ne faut pas regarder les rapports le jour même de la séance...
       — Je ne les regarde pas le jour même...
       — Et ben, vous les avez depuis dix jours ! Par conséquent, si vous avez des questions sur ces rapports, vous pouvez vous adresser aux élus concernés ou vous pouvez vous adresser au directeur général des services qui est à votre disposition ; à la disposition de tous les élus pour répondre à toutes les questions qui se posent. Ces rapports sont mis en ligne sur le site internet
[Ce qui n'est pas le cas pour la ville de Poitiers et son agglomération, pourtant socialiste aussi... NDLR]
parce que nous travaillons en toute transparence à l'égard des habitants de la région. Vous avez donc dix jours pour poser vos questions. »

» Jurys-citoyens: Ségolène Royal rend à l'esprit civique toute sa vertu républicaine

la présidente Ségolène Royal et un Jury Citoyen, lors du Conseil régional Poitou-Charentes du 18 janvier 2010.
la présidente Ségolène Royal et un Jury Citoyen, lors du Conseil régional Poitou-Charentes du 18 janvier 2010.
© kritix.com

Après que la sérénité ait réinvestie les bancs de l'assemblée, madame la présidente vit la plupart de l'opposition fuir la séance publique alors que les jurys -citoyens venaient s'installer à la tribune... La présidente, néanmoins confiante et rassérénée dans ses convictions républicaines, usa avec cette « énergie d'avance » de ce qu'il convient d'admonester par-devers les obscurantismes :
       « Je vais maintenant passer la parole, en les remerciant, à la délégation des deux jurys-citoyens. Comme vous le savez, la région leur a demandé d'évaluer, de leur point de vue de citoyen de Poitou-Charentes, à la fois sur le soutien aux entreprise et aux entrepreneurs et sur les transports et la mobilité. Nous vous souhaitons tous la bienvenue au conseil régional ! Je remercie très chaleureusement et je demande aux portes-paroles que vous avez désigné de nous rejoindre. Je vous remercie donc pour le travail accompli : ce n'est pas un exercice facile. Ce sont des sujets complexes. Comme vous le savez, vous venez de tous les territoires de la région. Ces jurys ont rassemblé chacun une trentaine de personnes. On peut peut-être demander aux élus qui s'en sont occupé de nous rejoindre. »

Les délégations prirent place à la tribune autour de madame la présidente, tandis que la plupart des élus de l'opposition s'éclipsèrent, exception notable du bon Henri de Richemont très respectueux des règles républicaines. Cet élus UMP est en quelque sorte une rédemption à lui tout seul... Madame la présidente, radieuse :
       « Je voulais vous dire d'abord à quel point nous attachons de prix à ce que vous allez nous dire ! Puisque ce travail entre dans le cadre de l'évaluation citoyenne de nos interventions, dans tous nos secteurs d'interventions. [Les jurys sont composés de] citoyens tirés au sort dans la diversité sociale, générationnelle et territoriale de la région. D'ailleurs, votre délégation en témoigne puisque elle comprend des salariés, des retraités de différents secteurs publiques comme privés, des artisans, des personnes actives, des demandeurs d'emploi, des étudiants et des mères au foyer. Je voudrais remercier très chaleureusement les élus régionaux qui ont contribué à ce travail : Françoise Ménard, Jean-François Macaire, Michelle Carmouse, et monsieur Garcia puisque vous avez participé à la première étape ; ainsi que le conseil économique et social régional. »

« Nous avons pris l'engagement, comme nous l'avons fait précédemment, d'examiner chacune de vos remarques et de vos recommandations : celles que nous retenons et celles que nous ne retenons pas, puisque au bout du compte, comme le disait monsieur de Richemont, c'est la démocratie représentative qui prend la décision après l'expertise des spécialistes, ou l'expertise citoyenne que vous représentez. Les avis que vous nous remettez aujourd'hui, seront rendus publiques. Bien évidemment, ils seront accessibles à tous sur le site internet de la région. Et les réponses que la région vous apportera aussi, seront également rendues publiques. Donc encore une fois, merci du fond du cœur de vous être engagés dans cette démarche, puisqu'il vous a fallu deux journées complètes plus aujourd'hui où vous avez travaillé ensemble toute la matinée pour préparer ce que vous allez nous dire. Merci de s'exprimer ainsi en public, merci d'avoir ce courage ! Vous avez aussi respecté la parité : je ne sais pas si c'est le fruit du hasard ! Si c'est volontaire, bien c'est parfait. Donc nous commençons par le jury-citoyen sur les soutiens aux entreprises et les entrepreneurs. »


Jury-citoyen : aides aux entreprises et aux entrepreneurs
envoyé par kritixTV.
La présidente-candidate Ségolène Royal reçoit le jury-citoyen sur les aides aux entreprises et aux entrepreneurs. Extrait de la séance publique du conseil régional Poitou-Charentes du 18 janvier 2010.

Ségolène Royal montra sa pleine satisfaction :
       « Merci beaucoup. [...] Je pense que c'est très intéressant ce que vous avez dit avec beaucoup de franchise. Ça remet bien les idées en place. Nous en débattrons dans les commissions concernées. Et ensuite nous adopterons des décisions éventuelles qui seront en relation avec les travaux que vous avez donné. Et je remercie aussi les autres membres du jury-citoyen qui sont ici aussi présent. Merci beaucoup. Alors nous passons au jury-citoyen transport et mobilité. »


Jury-citoyen : transport et mobilité
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La présidente-candidate Ségolène Royal reçoit le jury-citoyen "Transport et mobilité". Extrait de la séance publique du conseil régional Poitou-Charentes du 18 janvier 2010.

Ségolène Royal clotura l'allocution des jurys-citoyens :
       « Merci beaucoup. C'est vraiment très intéressant et très pointu, parce que ce n'est qu'un résumé en plus ! [...] Voilà, vous devez être bien fatigué, bien épuisé, après cette journée de stress. Vous avez aussi assisté à notre séance. C'est bien, ça fait partie de la citoyenneté, et de votre présence. Je remercie tous les services [...] c'est un travail très professionnel et très attentif et qui demande beaucoup de sérieux dans la crédibilité. Parce que, vous l'avez remarqué, je ne suis pas du tout intervenue dans vos travaux parce que je ne voulais pas que vous pensiez que c'était instrumentalisé. [...] Merci d'avoir pris aussi cette initiative au sérieux et d'y avoir consacré de l'énergie, du temps, de l'intelligence, parce que je crois que vous allez éclairer nos décisions sur les sujets qui sont très importants pour les habitants de la région. Voilà, bravo à vous et en tout cas, on se reverra. »

A l'issue des exposés des deux jurys-citoyens, une citoyenne de Poitou-Charentes s'étonna de l'absence de question de l'opposition. Ce à quoi l'intègre Henri de Richemont rétorqua qu'il n'avait pas pu s'y préparé en temps utile. Il faut souligner qu'il n'a pas à porter à lui seul le poids des responsabilités de l'opposition.

Les applaudissements couronnèrent cette fin de séance publique du 18 janvier 2010.

Publié dans Ségolène Royal

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