Les dossiers qui font tanguer N.Sarkozy
Après l'affaire Jean Sarkozy, la cagnotte contre l'absentéisme scolaire ou encore la taxe carbone, électeurs de droite et politiques de la majorité ont du mal à reconnaître leur Président. Tour d'horizon des sujets sensibles qui entachent l'Elysée.
La carrière de Jean Sarkozy
REUTERS/Philippe Wojazer
51% des électeurs de Sarkozy voient d'un mauvais oeil la candidature de son fils à la tête de l'établissement public qui gère le quartier d'affaires de la Défense. C'est en tous cas ce qui ressort d'un sondage CSA paru ce vendredi dans le Parisien. Rien de très étonnant donc à ce que les commentaires sur le sujet soient plutôt acerbes, même chez les politiques. Rama Yade a ainsi estimé qu'il "ne fallait pas donner le sentiment qu'il y ait une rupture entre les élites, qui se protégeraient et puis les petits". Même le chef de file de l'UMP à l'assemblée, Jean-François Copé y est allé de son petit commentaire : "cette affaire de fils, c'est comme le sparadrap de capitaine Haddock : ça va coller aux godasses". Pas de quoi pour autant démonter le premier défenseur de Jean Sarkozy, son propre père, qui a rappelé ce vendredi dans un entretien au Figaro que "la présidence de l'Epad est un poste non rémunéré. Il ne s'agit donc pas d'une prébende. C'est une élection, il ne s'agit donc pas de népotisme."
Aide aux banques
Alors que la crise bat son plein, le gouvernement met en place un plan de soutien aux banques censé garantir la stabilité du système financier français. Un an après, les banques annoncent les unes après les autres le remboursement des aides perçues. Le prix du soutien représente seulement deux milliards d'euros supplémentaires dans les caisses de Bercy se scandalise l'opposition pour qui l'Etat a épargné les banques des milliards qu'elles lui devaient. Mercredi, la Commission des finances de l'Assemblée nationale a voté un amendement pour créer une taxe additionnelle à l'impôt sur les sociétés sur les établissements financiers. En filigrane, la volonté de faire payer aux banques le mécanisme assurentiel dont elles ont bénéficié. Si l'idée est avancée de longue date par le député PS Didier Migaud, certains membres de la majorité ont également adhéré à cette idée a-t-on appris auprès de la Commission des finances. Mais le Président qui n'a pas particulièrement ménagé les banques ces derniers mois a rappelé vendredi que "l'aide que leur a fournie l'Etat a été profitable pour le contribuable". Point !
La taxe carbone
Elle s'annonçait comme un joli coup politique qui aurait pu semer la zizanie entre les Verts et le PS. En réalité, le mot "taxe" était probablement mal choisi pour un électorat à qui l'on avait promis de ne pas augmenter les impôts. Le cafouillage entre François Fillon et Nicolas Sarkozy sur son montant n'a d'ailleurs pas arrangé les choses. Le gouvernement a beau rappeler qu'elle sera compensée intégralement- Nicolas Sarkozy l'a rappelé vendredi dans son entretien au Figaro- 71% des Français y sont encore opposés (dont 66% de l'électorat de droite). Le libéral assumé Gérard Longuet aussi. Il doute notamment de "l'enchaînement vertueux" qu'elle est censée amorcer.
La taxe professionnelle
Cette fois-ci ce sont les élus qui n'ont pas apprécié les méthodes de travail du gouvernement. Evoquant le mécanisme de compensation de la nouvelle taxe professionnelle, Alain Juppé s'est même écrié : "c'est tout de même se foutre du monde", avant de s'en excuser. Le projet de loi gouvernemental, qui omettait de restituer une partie de la taxe sur la valeur ajoutée aux communes et intercommunalités a été un véritable fiasco. Obligé de faire machine arrière, Nicolas Sarkozy a finalement laissé au Parlement le choix de la répartition de la nouvelle taxe ...Mais n'a pas oublié de rappeler l'intérêt de supprimer de cette taxe déjà qualifiée "d'imbécile" par Mitterrand. En guise de réponse aux multiples critiques formulés par les élus locaux, le chef de l'Etat a préféré leur faire la leçon "l'an dernier les effectifs des collectivités ont augmenté de 36 000 personnes, alors qu'aucun domaine de compétence nouveau leur a été transféré".
Le déficit public
"On ne peut pas continuer ainsi", répète à l'envi Charles de Courson, député du nouveau centre, issu de la Cour des comptes, en référence au déficit public français. Pour 2009, il s'élève à près de 140 milliards d'euros et représente entre 8,2 et 8,5% du PIB. Pour le président pourtant, ce chiffre ne semble pas si effrayant. "En 2009, la France fera mieux en valeur relative que les autres pays." Avant de déclarer, non sans fierté, "je rappelle que nous avons diminué de 100 000 le nombre de fonctionnaires, dont le coût représente près de la moitié du budget de la France".
Le bouclier fiscal
Ca a été l'un des thèmes phares de la campagne présidentielle. Depuis, la crise est passée par là et le déficit de l'Etat est sans limite. En mars dernier, Pierre Méhaignerie, député UMP relance le débat en en suggérant la mise en place d'une surtaxe de 2 à 3% que paieraient les foyers affichant plus de 300 000 euros de revenus. Le président du Sénat, Gérard Larcher lui emboîte alors le pas, en déclarant que le débat sur le bouclier fiscal (qui plafonne les impôts à 50% du revenu) doit être réouvert. Même ceux qu'on entend rarement s'y sont mis. Jean Luc Warsmann, le président de la Commission des lois a proposé de retirer les CRDS du bouclier fiscal. "Lutter contre cette dette est une cause nationale qui suppose la solidarité de tous" a-t-il déclaré. Réponse du Président : "je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts".
La TVA dans la restauration
REUTERS/Mariana Bazo
Réclamée depuis des années par les restaurateurs, la baisse de la TVA dans la restauration de 19,6 à 5,5%, devait entraîner une baisse des prix ainsi qu'une hausse des salaires et de l'emploi. Quatre mois après, il n'en est rien selon les derniers chiffres de l'Insee qui indiquent que les prix n'ont pas bougé dans la restauration en septembre et que les embauches ne sont pas au rendez-vous."Le compte n'y est pas", s'insurge Eric Ciotti le député UMP des Alpes-Maritime. Dans une lettre adressée au Premier ministre François Fillon, il demande "un moratoire sur la baisse de la TVA à 5,5% dans la restauration". Le gouvernement, qui a convoqué à Bercy les représentants de la restauration, n'a annoncé aucune suspension de la mesure.
La cagnotte contre l'absentéisme scolaire
L'expérimentation d'une cagnotte dans 3 lycées professionnels de l'académie de Créteil fait grincer des dents, les élus rapportant l'hostilité d'électeurs qui jugent "amoral" de récompenser l'assiduité des élèves. Un scandale aussi pour Christine Boutin : "à un moment il faut dire stop ! L'école gratuite, c'est un droit. La présence en classe un devoir". Selon un sondage publié jeudi par France Soir, 53% des sympathisants de droit se disent d'ailleurs opposés à cette réforme. Sur ce point, une fois n'est pas coutume, le Président semble d'accord avec ses électeurs, et sa majorité. Il a annoncé "je ne peux pas accepter qu'on puisse récompenser des élèves simplement parce qu'ils vont à l'école".
SOURCE : http://www.lexpansion.com