Nicolas Sarkzoy : président contesté

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

Nombre de lecteurs du "Monde" reviennent sur la politique et le comportement du chef de l'Etat. Extraits du courrier des lecteurs.


Déception et indignation, par Emmanuel L.

Je suis profondément choqué, blessé, humilié par le comportement du président de la République française dans l'affaire des Roms ainsi que par celui des ministres de l'intérieur et des affaires européennes. J'habite aux Etats-Unis, où je suis arrivé sous la présidence de George Bush. C'était une époque où certains Américains nous enviaient Nicolas Sarkozy. Quel chemin parcouru depuis !

 

 

Les Etats-Unis ont élu un président qui, malgré les difficultés, reste remarquable et digne, alors que M. Sarkozy a sombré dans les affaires familiales et le populisme. Le problème des gens du voyage est certes difficile et l'on a dû mal à le gérer depuis de nombreuses années. Mais les jeter à la vindicte est ignominieux.

En outre, répondre aux instances européennes de la façon dont cela a été fait est un enfantillage. Je fais sans doute partie d'une minorité d'intellectuels privilégiés versée au "droit de l'hommisme", mais j'ai voté pour M. Sarkozy. J'ai apprécié la dynamique de ses réformes au cours des deux premières années. J'ai cru qu'il avait pris une stature d'homme d'Etat au moment de la présidence européenne. Je constate qu'il n'en est rien. 


Ambiance délétère, par Louis M.

Certes, tout n'est pas rose (à tous les sens du terme) en Nicolas Sarkozy. Il étonne, inquiète, et parfois il est impulsif, omniprésent, manque d'éducation, de rondeur, fait preuve d'un goût douteux, marche même sur les pieds de journalistes de notre quotidien de référence... Mais Nicolas Sarkozy a présenté en 2007 un programme qui a reçu un large agrément des Français. Il l'applique à peu près, en dépit de la crise mondiale, de bizarreries, d'indélicatesses et de vicissitudes. Son programme a ses partisans et ses détracteurs. Ceux-ci, s'ils sont assez nombreux pour élire un candidat de gauche en 2012, pourront alors, comme ils le promettent, abroger les mesures prises, d'une façon parfaitement idiote, mais démocratique...

Un peu de patience ! Un an et demi et nous y sommes. Une chose est certaine : tous les Français ou presque sont écœurés par l'ambiance délétère actuelle ; une majorité souffre en silence et se replie sur elle-même, ne se sent plus concernée par le politique ; d'autres veulent la révolution et sentent des signes d'encouragement. Il est dangereux de jouer avec le feu, et une priorité pour les gens responsables de tous bords me semble être de calmer le jeu, plutôt qu'enflammer les esprits.


Etat de santé, par Pierre F.

Le comportement du président de la République est très éloigné de ce qu'on est en droit d'attendre de la dignité de cette fonction. Hypertrophie de l'ego, accès de colère quasi pathologiques, personnalité caractérielle à la limite de la paranoïa, tels sont les mots qui caractérisent l'attitude de Nicolas Sarkozy depuis l'été, l'acmé ayant été atteint lors du sommet européen. Est-il bien raisonnable de laisser à un individu aussi impulsif et peu maître de ses émotions le pouvoir d'appuyer sur le bouton rouge ?

Le bulletin de santé publié récemment ne faisait allusion qu'à la santé physique du président. Ne serait-il pas sage qu'un groupe d'experts examine nos présidents régulièrement pour s'assurer que leur état mental leur permet d'exercer leur charge sans danger pour notre pays ? 


Abus de pouvoir, par Françoise T.

Décidément, le pouvoir rend fou ! Ce qui explique que Nicolas Sarkozy se croie tout permis : violer la Constitution et le principe d'égalité des citoyens, dont il est censé être le garant, se moquer des valeurs fondamentales de l'Europe, et violer la loi à l'application de laquelle il doit veiller. Il est dommage que n'existe pas en France quelque chose d'analogue à la procédure d'empeachment aux Etats-Unis. M. Sarkozy mérite largement d'être déchu de ses fonctions. Tant qu'à rêver de nettoyer les écuries d'Augias - les allées du pouvoir -, on peut aussi s'étonner qu'un ministre taxé de racisme par un tribunal n'ait pas démissionné illico, de même qu'un autre ministre pris dans un peu trop de conflits d'intérêts.


Incompréhension, Olivier G.

Je ne suis ni de droite ni de gauche, je me considère comme du centre, ni du centre droit ni du centre gauche, d'un centre pragmatique et dénué d'idéologie autre que la démocratie. Je ne suis pas à l'avance opposé à tout ce qu'essaie de faire Nicolas Sarkozy. Certaines intentions sont louables. Par exemple, la réforme des retraites, certainement pas parfaite mais indispensable. Et il en faudra d'autres, il faudra d'autres ajustements, d'autres décisions, qui seront tout aussi ou encore plus impopulaires.

En revanche, je constate avec inquiétude et tristesse que M. Sarkozy fait très mal à la France, et par là même à l'Europe. Français vivant à l'étranger, à Stockholm en l'occurrence, je peux constater combien les critiques envers la France se font de plus en plus acerbes et intenses et combien l'image de la France en ressort très abîmée. Je fais bien sûr référence à la politique envers les Roms, une politique très clairement raciste vis-à-vis d'une minorité. Et, comme si cela ne suffisait pas, voilà que le président s'enfonce dans une suite de déclarations mensongères et arrogantes qui provoque un climat politique européen délétère.

Je constate aussi que les mensonges, la manipulation de l'information et une dérive d'abus de pouvoir sont les méthodes quotidiennes qu'utilise l'Elysée dans l'affaire Woerth. Que M. Woerth n'ait pas démissionné afin de ne pas bloquer le dossier des retraites peut éventuellement se comprendre, mais qu'il soit défendu par une série de mensonges et d'intimidation fait froid dans le dos. Comment Nicolas Sarkozy, tacticien politique qu'il est, se laisse-t-il embourber dans ces deux dossiers, qui sont en train de salir son image pour bien longtemps et par là même de réduire à néant ses éventuelles ambitions de jouer un jour un rôle sur la scène européenne ou internationale ?


Paradoxe, par Iohan B.

         
 

La France, le pays des droits de l'homme ? Ce concept constitutif de l'identité française (un peu vaniteuse, comme il se doit) est en train d'être dissolu au Kärcher par le gouvernement, Nicolas Sarkozy en tête. C'est un paradoxe : ce Sarkozy qui voulait revigorer l'identité française est en train de la détruire et, au lieu de restaurer la grandeur de la France, mine définitivement les derniers espoirs de l'imposer. Désormais, la France pourra difficilement porter la voix du droit à l'international sans faire hurler de rire. Avec tout cela, on a la désagréable impression que le XXIe siècle commence par une affaire Dreyfus, mais une affaire Dreyfus perdue. Mauvais augure. 

 

Tartuffe n'est pas mort !, par André L.

Un jour, à un journaliste qui lui demandait où il avait trouvé le personnage du "beauf", le dessinateur humoriste Cabu répondit : "Mais le beauf, c'est moi !" Comme le journaliste protestait que Cabu n'avait rien du beauf - cet individu macho, xénophobe, réactionnaire... -, Cabu précisa : "C'est moi quand je ne me surveille pas."

Quand notre président de la République "décomplexé" se lâche et nous sert sa traditionnelle soupe sécuritaire - de plus en plus épicée d'ailleurs -, c'est pure tactique, pur calcul cynique. En flattant le beauf qui sommeille en nous, il espère pouvoir compter sur notre futur vote. En bon disciple de Tartuffe, Nicolas Sarkozy sait que sa force est notre éventuelle faiblesse : notre complaisance, notre aveuglement, un manque de vigilance. Alors, si nous ne voulons pas être "tartuffiés" ou "Sarkozysés", surveillons notre "beaufitude" et surtout veillons sur les valeurs plus que jamais d'actualité qui sont le socle de notre République, une et indivisible : Liberté, Egalité, Fraternité. 

 

Non-respect des règles, par François L.

Notre président de la République est allé visiter la grotte de Lascaux. Connaissant les gros problèmes de conservation, les périls menaçant l'existence même des fresques qui la décorent, il aurait dû, bien sûr, respecter les strictes recommandations faites et le protocole sanitaire établi par les responsables, à savoir un nombre très limité de visiteurs, le port d'une tenue de protection avec bonnet en plastique, et pas de photos. Eh bien notre président a fait fi de tout cela : huit personnes sont entrées, alors qu'en temps normal un seul surveillant fait une rapide visite une fois par semaine, et des photos ont été prises, qui le montrent tête nue (bien sûr, il ne devait pas trouver la coiffe photogénique) alors que Carla et d'autres portaient sur la tête ladite protection. 

 

Saines colères, par Michel D.

Dans une chronique du Monde du 18 septembre, Françoise Fressoz énumère les multiples colères du président, en particulier celle qui aurait éclaté dans les couloirs de la Commission européenne, à Bruxelles. On ne peut s'empêcher de penser au face-à-face avec Ségolène Royal en 2007, lors duquel le futur président, cultivant la sérénité, reprochait à son opposante de s'emporter et de manquer ainsi de maîtrise pour pouvoir prétendre à exercer la haute fonction. Mme Royal dénonçait alors l'échec de la politique en faveur des handicapés, en justifiant une " saine colère" pour la défense de cette juste cause. Nicolas Sarkozy, en apparaissant souvent comme un spéculateur de la politique, et en semblant avoir de plus en plus de difficultés à se hisser au rang d'homme d'Etat aurait-il, lui aussi, de saines colères ?  

 

Rappel en 2006, par Jacques D.

Le discours de Grenoble du 30 juillet sur la sécurité semble avoir surpris un certain nombre d'électeurs et même d'hommes politiques de droite. Dominique de Villepin n'a-t-il pas écrit dans Le Monde du 24 août qu'il aura suffi de ce discours et d'un été "pour que tout bascule". C'est cette surprise qui me surprend ! Au moment où Eric Besson va présenter au Parlement un projet de loi très inquiétant pour le droit français, qui va restreindre une nouvelle fois les droits des migrants, comment ne se rappelle-t-on pas que, le 22 juin 2006 à Agen, dans un discours "Pour la France du travail", le candidat Sarkozy déclarait déjà : "Le mal français ne vient pas de notre histoire (...). Il ne vient pas de notre culture (...). Il ne vient pas de nos valeurs" et que, pour être plus explicite encore, il achevait un passage consacré aux immigrés en affirmant "le mal français ne vient pas des Français". Après ça, devinez donc de qui ce mal peut bien venir... C'était en 2006. 

 

République hystérique, par Patrice H.

Après avoir promis, entre autres, une République irréprochable, Nicolas Sarkozy nous fait vivre toujours davantage dans une caricature de démocratie. Rien ne doit lui résister et il ne recule pas à utiliser les services de l'Etat à des fins strictement personnelles, comme ce fut le cas pour les rumeurs sur sa vie maritale. Aujourd'hui, il s'attaque à la liberté de la presse... et je me réjouis que ces faits aient été dénoncés par Le Monde. Avec un tel individu, on peut s'attendre à tout pour demain ! Il ne fait preuve que de mauvaise éducation en se comportant d'une manière infantile, en y ajoutant le mensonge et la mauvaise foi... M. Sarkozy nous a promis le changement et il nous a fait entrer dans une présidence qu'on peut qualifier d'hystérique. Il est malheureusement la preuve vivante des excès auxquels peut nous amener cette Constitution de la Ve République dirigée, dans tous les sens du terme, par un président irresponsable. 

 

Le sens des mots, par Denis M.

Nicolas Sarkozy, devant le Conseil européen, justifie l'expulsion de camps roms par leur inconfort, leur saleté, leur insalubrité, par le fait qu'il est indigne d'accueillir des gens dans de telles conditions. En d'autres termes, pour supprimer la maladie, supprimons les malades ! C'est là une logique qui n'en est pas une. C'est là une justification qui contient sa propre réfutation. Ce sont là des mots dits pour occuper le terrain, après qu'on leur a retiré leur sens. Le remède à l'insalubrité des camps n'est pas leur suppression mais leur mise aux normes en matière de salubrité. Quant au remède à un président qui enlève aux mots leur sens, c'est l'élection d'un président qui le leur restitue.  

 

Honte, par Michel S.

Merci Viviane Reding, commissaire européenne à la justice, d'avoir mis en mots simples et directs ce qui se vit en France. Français mais aussi Français issu de l'émigration et petit-fils de déporté juif arrêté par la police française, je me reconnais totalement dans vos propos. Un pays - ou plutôt la partie d'un pays - qui stigmatise une population (sans défense) en fonction de son origine ethnique, qui ne peut résoudre la crise économique et qui se cherche donc des boucs émissaires, ce pays dont la police vient au petit matin et sépare hommes d'un côté et femmes et enfants de l'autre, qui a un ministère spécifique pour ses immigrés et l'identité nationale, qui fait de la déchéance de la nationalité son cri de ralliement, ne peut faire revenir à la mémoire qu'une seule période de son histoire, celle de l'Etat français de Vichy et, effectivement, cela mérite de la honte.  

 

Le roi est nu, par Georges J.

J'ai connu plus d'un roi. C'étaient de petits rois d'un royaume d'autrefois. Ils étaient trop aimés, trop flattés, trop choyés et trop bien servis. Ils n'avaient pas le temps de désirer. Des yeux attentifs et inquiets lisaient dans leur pensée. Cependant, ces petits Jupiter voulaient malgré tout lancer la foudre. Ils inventaient des obstacles et des intrigues. Ils se forgeaient des désirs capricieux, changeaient comme un soleil de janvier, voulaient à tout prix et tombaient dans l'extravagance, le ridicule. Se comportant comme des enfants gâtés, ils devenaient grotesques, insensés, face au monde des vivants, de ceux qui réfléchissent, qui pensent, qui méditent, qui aiment et qui tous les matins, n'ont pas besoin pour s'affirmer, de renvoyer un charter de "Roms" dans les Balkans.  

 

Autodéchéance, Georges M.

Certes, la Constitution et les Roms résisteront aux coups de canif des démagogues et autres matamores dont les gesticulations sécuritaires s'avéreront vaines contre les violences urbaines, car celles-ci résultent d'abord de l'insécurité sociale généralisée à cause de l'écart croissant de revenu entre les plus riches et les plus pauvres, et du "détricotage" des services publics. Mais ils auront banalisé ces coups et les auront rendus accessibles et reproductibles par de moins maladroits et plus motivés qu'eux, et, à force de courir après le Front national, la droite présidentielle aura tant et si bien servi la lepénisation des cerveaux encore disponibles qu'elle aura fini par décentrer durablement le centre de gravité de la vie politique française du centre droit vers la droite xénophobe.

 

 

 

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