Rebsamen (PS) lance un pavé dans la mare en volant au secours des pro-Frêche
De Elahe MEREL (AFP)
PARIS — Le Languedoc-Roussillon continue de donner le tournis au PS avec le pavé dans la mare jeté par un de ses ténors, François Rebsamen, décidé à aller soutenir les socialistes pro-Frêche, geste que la direction de Martine Aubry qualifie de "provocation" inutile.
Depuis le dépôt lundi par la maire de Montpellier Hélène Mandroux de listes "officielles" du PS, la direction considère la cinquantaine de socialistes restés fidèles à Georges Frêche, président sortant de la région, "en dehors du parti".
Une réunion du Bureau national (direction) prévue mardi doit, sans vote, conformément aux statuts, entériner cette mise à l'écart de fait.
Criant au déni de justice, le chef de file des socialistes pro-Frêche, Didier Codorniou, a assigné le PS pour faire annuler les listes Mandroux. La décision judiciaire est attendue le 10 mars, trois jours avant le premier tour de scrutin.
Jeudi, le sénateur-maire de Dijon est parti à la rescousse de ces socialistes devenus parias. Il envisage de se rendre "à Montpellier, Nîmes ou là on lui demandera" pour montrer "sa solidarité" à ces élus "qui n'ont pas démérité". Son "message": "il est inenvisageable qu'il y ait la moindre sanction disciplinaire" à leur encontre.
L'ex-proche de Ségolène Royal -qui s'était abstenu le 2 février lors du vote d'investiture de Mme Mandroux - affirme ne pas aller "contre Martine Aubry".
Il faut "garder la région à gauche" et la liste "la mieux placée" est celle "emmenée par le divers gauche Georges Frêche", argue-t-il à l'appui d'un sondage Opinionway donnant le président sortant gagnant alors que la liste Mandroux - 6% au premier tour - serait absente du match final.
François Lamy, bras droit de la patronne du PS, stigmatise l'initiative de M. Rebsamen: "En pleine campagne électorale où les gens sont intéressés par les problèmes d'emploi, de pouvoir d'achat, de retraites, je ne vais pas polémiquer avec l'ancien numéro deux du Parti socialiste et réagir à une provocation qui n'apporte rien", dit-il à l'AFP.
Un nouveau dérapage du puissant et populaire patron du Languedoc-Roussillon sur la "tronche pas catholique" de Laurent Fabius avait mis le feu aux poudres et conduit le PS à le lâcher, au nom "des valeurs" et pour "ne pas perdre son âme", dixit la première secrétaire.
Le maire de Dijon n'est pas le seul à critiquer la direction. Le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, relevait récemment que Georges Frêche a la "légitimité du vote des militants". "Si le PS ne voulait pas de lui "c'était en septembre qu'il fallait le dire".
Le porte-parole Benoît Hamon, prudent, se dit opposé à "une surenchère disciplinaire" contre les socialistes pro-Frêche.
L'exclusion de militants pour non respect de la discipline électorale n'est pas rare. "C'est une logique qui a été appliquée maintes fois au PS", souligne Pascale Boistard, membre de la direction, citant l'exclusion totale d'une liste à Nice aux municipales de 2008.
La procédure voulant que "tout candidat sur une liste concurrente de la liste officielle se met en dehors du parti, a déjà été appliquée, mais pas à cette échelle", relève Alain Bergounioux, historien du PS et membre de la direction.
Les responsables des fédérations PS de Languedoc-Roussillon - parmi les puissantes du parti - sont massivement restés fidèles à Frêche.