Retraites : le gouvernement 'maquille ses intentions'
Si les syndicats se disent plutôt contents de la manière dont Nicolas Sarkozy a géré le dossier des retraites, l'opposition dénonce dans son ensemble, lundi 15 février, un "simulacre de concertation", accusant le président de faire semblant de négocier, au lieu de dire "clairement" ses intentions.
Plusieurs dirigeants syndicaux se sont réjouis que le texte ne soit pas introduit pendant l'été, mais s'inquiètent néanmoins d'un calendrier serré. "Ce qui nous inquiète, quand même, c'est que le projet de loi devra être sur la table en septembre", avait déclaré le président de la CFTC, Jacques Voisin.
Selon le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, "l'engagement qu'il n'y ait pas de réforme cet été est une bonne chose, mais c'est quand même un calendrier assez restreint", car le projet de loi viendrait "en septembre". "Si les discussions ne sont pas arrivées au bout sur le fond, il serait bien qu'on puisse prolonger le débat d'un mois ou deux", avait-il observé.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, avait évoqué "la fin de l'été". "L'objectif est, si possible, d'obtenir un consensus. Nous, nous pensons que c'est possible." Jean-Claude Mailly (FO) avait souligné "l'engagement du président" à ce qu'il n'y ait "rien en juillet-août". Selon Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, "les choses vont tout de même aller relativement rapidement", donc "il ne faut pas perdre de temps" pour mobiliser les salariés. Enfin, le président de la CFE-CGC, Bernard Van Craeynest, a relevé la volonté du gouvernement et du chef de l'Etat de "dépassionner le débat sur les retraites".
"SIMULACRE DE CONCERTATION"
Le Parti socialiste a demandé à Nicolas Sarkozy et au gouvernement de ne pas se prêter à un "simulacre de concertation" avec les partenaires sociaux sur les retraites, estimant que le gouvernement prévoit une "cure d'austérité" après les élections régionales. "Il semble que c'est un sommet social pour rien", selon Benoît Hamon, porte-parole du parti, puisque "le président n'annonce que des éléments de méthode","ses ministres et les responsables de la majorité distillent des informations sur le contenu de la réforme". Selon lui, le gouvernement a déjà posé les "termes de l'alternative : une augmentation des cotisations ou un allongement de la durée des cotisations ou une baisse des pensions". Cette "orientation fera supporter le fardeau de la réforme des retraites essentiellement sur les épaules des salariés et des retraités", prévient-il. alors que
M. Hamon encourage l'exécutif à "dire, le plus clairement et le plus tôt possible, ses intentions": "Ce qui est insupportable, c'est cette forme de maquillage des intentions du gouvernement en raison du calendrier électoral." Alors que le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, déclarait lundi que son parti serait "au rendez-vous du courage", M. Hamon a ironisé : "Jusqu'ici, le seul courage dont ait fait preuve ce gouvernement c'est d'être, sur tous les sujets, systématiquement d'accord avec le Medef."
UNE "CAMPAGNE D'INTOX"
Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) a estimé lundi que le fait que Nicolas Sarkozy propose aux partenaires sociaux que les discussions sur la réforme des retraites commencent "début avril" était "le signe qu'il battait en retraite" à un mois des régionales. "C'est le signe qu'il bat en retraite", "il veut débarrasser le débat des régionales d'un de ses éléments les plus forts" car "il a compris que le rapport de forces lui est défavorable", a déclaré le président du Parti de gauche. Pour l'eurodéputé, ce "comportement d'évitement" du chef de l'Etat montre que "le Sarkozy triomphant est fini". Sur l'appel d'Olivier Besancenot (NPA) à une réunion "dès cette semaine" de tous les leaders de gauche, de Martine Aubry (PS) à Nathalie Arthaud (LO), pour défendre la retraite à 60 ans, M. Mélenchon ne voit "pas d'objection".
Sans répondre directement à la proposition de M. Besancenot, le PCF s'est dit, lui, "disponible sans attendre pour résister, agir et proposer" sur le sujet. Pour Pierre Laurent, coordinateur national, la méthode de M. Sarkozy est de "faire mine d'organiser un débat pour finalement passer en force avant l'été en imposant coûte que coûte la réforme qu'il a déjà décidée". "Les revenus du capital et les revenus financiers doivent financer le système au même titre que les salaires. Le recul du chômage et de la précarité parmi les jeunes, les femmes et les salariés de plus de 50 ans doit aussi être une piste d'action essentielle", propose le PCF.
Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a estimé lundi que le gouvernement avait "lancé sa campagne d''intox'" sur les retraites car, selon elle, il n'y aura pas de débat puisque "le gouvernement sait très bien où il veut en venir". "Ce sera un recul" pour les salariés, a ajouté la tête de liste LO en Rhône-Alpes pour les régionales.