Sarkozy n’a pas bonne presse
Il y a quelques jours, je faisais état des problèmes auxquels la presse en général et le quotidien Le Monde en particulier sont confrontés.
Dans la tourmente financière depuis plusieurs années, Le Monde a besoin d’une recapitalisation urgente pour pouvoir continuer à paraître.
J’avais également rappelé l’immixtion scandaleuse de Nicolas Sarkozy qui n’avait pas hésité à exprimer son rejet de l’offre présentée par le trio Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse.
Une « offre de gauche » selon le (petit) Monarque qui n’a jamais eu peur du ridicule.
Vendredi 25 juin, les personnels des différentes structures du Monde (les journalistes du quotidien, du site Internet, des magazines de la filiale PVC, les cadres et les employés du groupe) étaient invités à se prononcer sur les deux offres qui leur étaient présentées.
Le moins que l’on puisse dire est que résultat n’est pas allé exactement dans le sens espéré par le Président de la République.
Entre 80% et 90% des suffrages exprimés se sont portés sur l’offre dont Sarkozy ne veut justement pas.
Pour les personnels consultés, l’offre de Bergé, Niel et Pigasse est non seulement la plus solide financièrement, mais aussi la plus acceptable socialement (elle propose d’ouvrir une partie du nouveau capital aux salariés des différentes structures du Monde).
Mais au-delà du contenu de l’offre proprement dite, ce vote a bel et bien exprimé une défiance à peine voilée à l’égard de Nicolas Sarkozy.
En d’autres termes, il s’agit d’un sévère camouflet pour le locataire de l’Elysée.
En effet, il a suffi que le Lider Minimo fasse part de ses inclinations pour que les salariés optent pour l’exact contraire à une écrasante majorité.
Cependant, les jeux ne sont pas encore faits.
Les représentants des actionnaires extérieurs doivent encore voter. Ces derniers pencheraient plutôt en faveur de l’offre concurrente présentée par Claude Perdriel (patron de SFA et du Nouvel Observateur), le groupe de médias espagnols Prisa et l’opérateur Télécoms Orange.
Les pressions vont donc aller bon train dans les prochaines heures.
Ce faisant, les actionnaires prendront-ils le risque d’aller à l’encontre de celles et ceux qui font chaque jour Le Monde ?
Cela semble difficile mais pas improbable.
Toutefois, un journal n’est pas une entreprise comme une autre dont on peut délocaliser la production.