Une question d’honneur !

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

« Truqueuse », « menteuse », «propos de haine», «outrance», « hystérique ». Les mots doux n’ont pas manqué suite à l’intervention de Ségolène Royal sur le plateau de TF1, hier soir. L’ex-candidate socialiste à la présidentielle venait d’accuser le système Sarkozy d’être « corrompu », citant Montesquieu et tenant un langage clair et offensif.
 
Accusée d’avoir pété les plombs, de faire le jeu du Front National, la présidente de la région Poitou-Charentes a réveillé la meute des sarkozystes, qui à défaut de pouvoir défendre un pouvoir à bout de souffle, se refait une santé en visant sa cible favorite : Ségolène Royal.
 
Souvenez-vous, ce sont les mêmes qui sont montés au créneau lors du discours de Dakar, de « l’affaire » Zapatero ou à l’annonce du lancement du Pass contraception.


Copé, Morano, Estrosi, Bertrand… Chacun y est allé de sa petite phrase. L’extraordinaire Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, a estimé que la mise en cause d'Eric Woerth et de Nicolas Sarkozy en ces termes "n'est pas acceptable dans une démocratie." C’est bien connu, Frédéric Lefebvre n’a jamais accusé personne et est l’incarnation même de la mesure et de la nuance.
 
Mais dans ce paysage de réactions excessives et par conséquent insignifiantes, c’est celle de Marc-Philippe Daubresse, dont peu de Français connaissaient le nom jusqu’à aujourd’hui, qui pourrait se voir décerner la palme d’or. "Mme Royal a pété un câble. Elle nous a servi à l'heure du repas de la bouillie pour chien et franchement, faire de la politique comme ça dans les caniveaux, ça n'honore ni Mme Royal ni la République » a déclaré le ministre de la Jeunesse. Ségolène Royal déshonore donc la République ? Ah bon ? Vraiment ?
 
Je pensais, moi, simple citoyen, que ce qui déshonorait la République c’était qu’un ministre utilise un jet privé de 116.000 euros pour un déplacement. Je pensais, moi, que ce qui déshonorait la République c’était qu’un ministre se fasse payer par le contribuable 12.000 euros de cigares ; qu’un autre cumule les appartements de fonction ;  qu’un autre se fasse accorder un permis de construire au mépris de la légalité ; qu’une dernière accepte de taire ses critiques contre le pouvoir en échange d’une mission sur la fonte des neiges au Togo, le tout pour 9.500 euros par mois.
 
Je pensais, moi, que ce qui déshonorait la République c’était qu’un Président de la République, piétinant ses engagements de campagne, s’apprête à forcer les salariés à travailler plus pour gagner moins via une réforme des retraites injuste et anti-sociale.
 
Je pensais, moi, que ce qui déshonorait la République c’était que le même Président se fasse livrer un avion privé pour 180 millions d’euros alors que les cités qui attendaient un « plan Marshall » restent plus que jamais abandonnées, livrées à l’économie parallèle, à la violence des bandes et à la désertion des services publics.
 
Je pensais, moi, que ce qui déshonorait la République c’était que le gouvernement abandonne les territoires ruraux et les agriculteurs qui lassés des promesses non tenues en arrivent à se suicider.
 
Je pensais, moi, que ce qui déshonorait la République c’était cette collusion insupportable entre les dirigeants de ce pays et les milieux financiers à travers l’affaire Woerth qui ne fait que confirmer et illustrer la cassure entre la France de l’argent et la France qui se lève tôt, qui travaille beaucoup ou qui cherche à travailler, la France des gens ordinaires de plus en plus écoeurés à mesure que se révèlent les indélicatesses de cette classe dirigeante si éloignée de l’intérêt général et qui organise l’impunité totale pour les siens et une sévérité cruelle pour les plus faibles.
 
Je pensais, enfin, que ce qui déshonorait la République c’était ces procureurs et ces juges qui se transforment, au mépris de leur déontologie, en avocats de la défense du pouvoir, en déployant personnellement tous les obstacles procéduraux à la manifestation de la vérité judiciaire, ces humoristes bâillonnés, ces médias placés sous contrôle, ce parlement méprisé, ces collectivités territoriales asphyxiées, ces jeunes délaissés, ces retraités trompés et ces français assommés par la création de 25 taxes nouvelles.
 
Oui, Ségolène Royal a raison. Elle a raison car les dérapages de la droite n’affaiblissent pas seulement l’UMP. C’est toute la classe politique qui est ainsi frappée par le poison du discrédit. Elle a raison de pointer le gouffre entre les promesses du candidat Sarkozy (gouvernement resserré, renforcement des pouvoir du parlement, contrôle de l’action des ministres, avis des commissions parlementaires avant les nominations importantes, etc…) et la pratique réelle du pouvoir actuel. Elle a raison, elle, l’héritière des combats de Pierre Mendès-France, d’affirmer qu’aucune entorse à la morale n’est possible quand on a la chance d’être un représentant du peuple.
 
Et d’abord, si elle avait vraiment tort…pourquoi ce déchaînement de haine et tout ce vacarme des amis du Président ?
 
 
Amine EL KHATMI
Désirs d'Avenir Allier
Secrétaire fédéral du PS Allier

Publié dans Ségolène Royal

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article