Verbatim de l'UNIVERSITE POPULAIRE PARTICIPATIVE DU 07 MAI 2010 CASTELNAU DE MEDOC LE POUVOIR D’ACHAT ET LES MEFAITS DE LA REFORME TERRITORIALE. 3ème partie
DEBAT
1° Intervenant
1° point : vous avez évoqué le partage des richesses. Si on veut avoir un projet crédible pour 2012, il faut relancer la politique des revenus notamment pour les salariés et les retraités. A ce sujet concernant la politique des revenus il faudrait penser à revoir toutes les exonérations sociales dont bénéficient les grandes entreprises qui sont une trappe à bas salaires. En fait les exonérations sociales permettent aux grandes entreprises de privilégier l’embauche au SMIC. Si on supprime une partie de ces exonérations sociales, on permettra d’élever les salaires.
2° point, G. SAVARY a évoqué la réforme des retraites problème soulevé actuellement et pour lequel le gouvernement fait une pseudo concertation alors qu’il a déjà son idée en tête c'est-à-dire soit on prolonge la durée légale à 31 ans, 62 voir 63 ans, ou on joue sur le volet durée de cotisations. On n’évoque pas du tout le problème de la pénibilité du travail et le travail des seniors. Il faut savoir qu’en France, la tendance à débarrasser les entreprises de ses seniors devient de plus en plus forte. Tant qu’on n’aura pas résolu ces deux problèmes, la réforme des retraites passera mal. Il faut maintenir la durée légale à 60 ans car un jeune apprenti qui commence à travailler à 16 ans dans le bâtiment, si on lui dit qu’il va devoir travailler jusqu’à 62-63 ans, il aura cotisé 47 ans au pire, pour un travail pénible physiquement. Une réforme des retraites juste entamée par le PS ce serait de laisser la durée légale à 60 ans en tenant compte de la pénibilité et on prend des mesures contraignantes pour les entreprises afin qu’elles gardent leurs seniors, et ensuite, on peut éventuellement pour certains métiers non pénibles, allonger la durée de cotisation. La pénibilité, on sait très bien la mesurer, c’est l’espérance de vie. Un ouvrier a 7 ans d’espérance de vie de moins qu’un cadre, donc en partant de ces critères de pénibilité, et d’espérance de vie, on peut nous, socialistes, faire une proposition pour une réforme plus juste. Il faudra dès lors avoir le courage d’appliquer une réforme juste mais qui tiendra compte des réalités.
2° intervenant
Ce camarade pense que nous tournons en rond. Il faut se mettre au travail et sortir un projet. Depuis 2007 que fait le PS ? S’adressant à Mme la Députée Pascale GOT : pourquoi ne pas prendre une décision juste ? Que fait-on au
Parlement ? Où sont les contre-propositions ? Personne ne vous écoute. Il pose la question : pour lui la V° République n’est plus. Il croit que le grand projet c’est d’ouvrir le débat sur la VI° République. Il estime que nous sommes dans une République monarchique car nous avons inventé plus de privilèges en 200 ans que la Royauté en 2000 ans. Il faut donc arrêter. Il cite cas d’employé poussé vers la préretraite à 58 ans car il a été remplacé par quelqu’un dont le salaire à l’embauche représentait la moitié du sien. Il pense qu’il faut interdire ces procédés. En 2007 on avait un projet. Qui s’est rangé au PS derrière ce projet ? Il pose l’idée que tous les députés démissionnent. Que se passerait-il ?
3° intervenant
Ce camarade souhaite poser le problème des banques. Que doit-on faire pour limiter le pouvoir des banques qui jouent à faire yo-yo avec le pouvoir d’achat des citoyens ?
4° Intervenant
Manifestement pour la 1° fois dans l’histoire de la V° République, le sénat pourrait basculer à Gauche et est-ce que ce ne serait pas un moyen de bloquer cette réforme territoriale ? Suite à la Grèce qui bascule dans le chaos, il est question d’une dissolution de l’Union Européenne, est-ce que ça ne risque pas d’éclipser le débat sur la réforme des retraites ?
REPONSE DE JEAN LOUIS BIANCO.
Sur les retraites, même si ce n’est pas directement le sujet, la position qu’a prise le PS est raisonnable à condition qu’à la fin des fins on dise ce qu’on veut. Attendons de voir ce que disent les syndicats, le parlement, et à la fin, nous prendrons nos responsabilités. Il y a des points clairs dans notre position : la pénibilité, on fait de la pénibilité, de l’emploi des jeunes, la rémunération des jeunes stagiaires et des seniors des préalables absolus. Faire contribuer pas seulement les revenus du travail mais aussi les revenus du capital, des profits des banques. Après, doit-on rentrer dans la discussion durée des cotisations / augmentation des cotisations / âge de départ à la retraite. Sur ces points il faut que nous ayons un débat ensemble car on doit redistribuer les crédits mais on n’est pas non plus obligés de faire le boulot à la place du gouvernement. JL BIANCO réitère le droit de partir à la Retraite à 60 ans car il s’agit d’une conquête extraordinaire. Le gouvernement risque de dire oui sous réserve d’une décote c'est-à-dire que les partants n’auront droit à rien du tout. Après, sur d’autres mesures, on peut toujours discuter, mais on n’est pas obligés de commencer notre réponse par les mesures les plus difficiles et les plus impopulaires. Cela ne veut pas dire qu’on ne doive pas les affronter.
Sur la politique des revenus. Il faudrait dans les entreprises des syndicats beaucoup plus forts afin que l’on puisse avoir de vraies discussions sur le partage des plus-values, des surplus de la productivité .Après tout, qu’est-ce qui empêcherait de dire que les salaires doivent croître au moins autant que la productivité ? Qu’est-ce qui nous empêche de dire que nous taxerons moins les profits s’ils sont réinvestis dans l’entreprise et plus quand ils seront redistribués aux actionnaires ? Il y a des pistes sur lesquelles il faut qu’on travaille. Sur le PS il y a un travail qui se fait, indiscutablement. Notamment avec un texte qui a été élaboré par P. MOSCOVICI dont on débattra. On peut être d’accord ou pas d’accord, il y a dans ce texte un vrai travail qui a été fait. Donc ne nous flagellons pas, ne nous disons pas que le PS ne fait rien et n’a aucune propositions, ce n’est pas vrai et ce serait complètement injuste de le dire.
Pour terminer, on parle dans la convention qui va nous rassembler, d’un nouveau modèle de développement économique, écologique et social, et on voit à peu près ce que ça veut dire. Il faut que l’on regarde dans ce nouveau modèle de développement qu’est-ce qui créé de l’emploi. Et de l’emploi non délocalisable. Alors croissance verte, oui parce que ce sont des emplois non délocalisable, services aux personnes âgées, santé, éducation, oui parce que ce sont des emplois non délocalisable, il nous faut un maximum d’emploi d’abord pour que les gens puissent vivre et enfin cotiser afin de diminuer les déficits. Pour le reste, il y a une méthode qui est l’exact contraire de ce que fait ce gouvernement. C’est ce que JAURES appelait « la démocratie jusqu’au bout » il faut de la démocratie à tous les étages, et commencer par la base, c’est ce que l’on fait ici ce soit avec la démocratie participative. Les hommes et les femmes de ce temps veulent dires leurs maux, veulent être informés, c’est aux élus de prendre leurs responsabilités après. Avant de prendre une décision, qu’elle soit locale ou nationale il doit y avoir débat. JL BIANCO se dit être partisan de beaucoup plus de décentralisation, de donner beaucoup plus de pouvoirs aux régions et moins à l’Etat. Il faudrait faire du Parlement un vrai lieu de contrôle du Gouvernement, un lieu de synthèse de la démocratie participative.
REPONSE DE GILLES SAVARY
Pourquoi la crise en Grèce est extrêmement préoccupante ? Née d’un surendettement des ménages, cette crise a provoqué un risque de faillite des banques. On a mis beaucoup de dépenses publiques afin de renflouer les banques. L’endettement est passé des banques à l’Etat. Et c’est exactement ce que vivent les Grecs. La faiblesse de l’UE en période de crise c’est quelle a une monnaie commune mais des budgets nationaux. Aujourd’hui toute baisse de l’euro fait qu’on paie pour les pays en grand déficit. Et la grande difficulté c’est que la plupart des pays européen sont en déficit. Si Fillon a décidé de geler les dépenses de l’état, c’est qu’il a peur d’une attaque spéculative sur la France. Il existe un risque de dé-tricotage de l’UE car l’Allemagne ne veut plus payer et pourrait décrocher. Sous Schroeder, ils ont fait le boulot, ils ont « digéré » l’Allemagne de l’Est et ils ne veulent plus payer. A tort ou à raison, les Allemands ne veulent plus payer pour les autres. Ils ont payé pour la PAC française de 1958 à nos jours, c’était des réparations d’après guerre, et les réparations d’après guerre, c’est fini. G. SAVARY évoque sa grande inquiétude face à la crise grecque et il pense qu’il ne s’agit pas d’une diversion entraînant une agitation qui pourrait nous distraire des Retraites. Ce sont des événements très graves pour nous tous, c’est une période difficile dans laquelle on doit être plutôt pro-européen et non anti-européen. Car si on commence à détricoter l’UE, il va falloir que nous payions notre politique agricole commune, les attaques spéculatives vont épuiser les pays européens les uns après les autres alors que les Chinois sont en plein boom sur tous les marchés. C’est, moins que jamais, le moment de quitter l’UE. Le vrai scénario pour arrêter cette crise serait d’adopter un budget fédéral, c'est-à-dire de passer à une étape supplémentaire de la création européenne afin de favoriser un contrôle économique très puissant de la zone euro. G. SAVARY espère que cette crise nous y amènera. G. SAVARY reste optimiste sur un point, c’est surtout lorsque les crises sont trop fortes que l’Europe les surmonte. C’est toutefois une période très compliquée sur le plan européen et mondial.
5° intervenant
Cette personne souhaite revenir sur la réforme territoriale et pense que la crise frappe les plus faibles soit à l’entrée de la vie active, soit en sortie. Il voudrait évoquer le cas des jeunes qui sont accompagnés par les missions locales et revenir sur les budgets et les clauses de compétence du Département. Il parle de son inquiétude pour l’avenir de la jeunesse française ainsi que pour les retraités (les deux vont ensemble). Cette personne revient des Journée Professionnelles des Missions locales durant lesquelles un sociologue leur a expliqué qu’en 1975, la différence de salaire entre un jeune qui rentrait sur le marché du travail et un salarié de 50 ans sur le même poste était de 15%, en 2005 elle était de 30%.
6° Intervenant
Cette personne évoque l’implication de plus en plus forte des Territoires en ce qui concerne la sauvegarde de l’emploi local. Il s’agit d’une implication financière qui malheureusement ne se traduit pas dans les faits par une présence au niveau des Conseils d’Administration de ces sociétés. On a l’impression que c’est de l’argent qui se perd, que derrière, il n’y a personne pour orienter les décisions des sociétés, afin de conserver l’emploi local, que manque-t-il ? Des gens de bonne volonté, des gens compétents qui représenteraient l’Etat au sein de ces administrations ?
REPONSE DE FRANCIS WILSIUS
Ce qui nous inquiète à tous c’est comment on va faire pour remplir nos caddys. Les classes moyennes se paupérisent tout doucement car au niveau des salaires, on nivelle par le bas. Sauf pour les patrons bien évidemment. Il faudrait que la Gauche et le PS en particulier ait un programme solide afin de remettre bon ordre dans la maison. On devrait pouvoir vivre de notre travail et avoir un peu de pouvoir d’achat pour nos loisirs. C’est la PDA qui fait tourner l’économie. Il faudra proposer des solutions concrètes. Concernant les entreprises par rapport à une présence de l’Etat dans les conseils d’administration, en France pour le moment ce n’est pas possible. Les comités d’entreprise n’ont qu’un avis consultatif. En Allemagne par exemple, les salariés siègent dans les conseils d’administration. Ce serait intéressant de demander aux employés leur avis sur les profits et les investissements des entreprises. F. WILSIUS évoque également les petits agriculteurs qui n’arrivent plus à vivre de leur travail en parlant notamment des producteurs de lait.
REPONSE DE GILLES SAVARY
Relativement à la situation financière du Conseil Général. Cette année on a eu cet effet de ciseaux entre l’augmentation mécanique des dépenses et l’effondrement des recettes fiscales. Cette affaire a été gérée en bon père de famille par Yves LECAUDEY notre vice-président, donc on a réussi à passer cette année. Bien que l’on ait une réforme de la taxe professionnelle qui n’a pas été totalement compensée, du mois qui ne va pas l’être totalement, ce qui ajoute encore à la baisse des recettes du Département. Alors qu’a-t-on fait ? On a baissé un peu les subventions de tout le monde plutôt que de supprimer des politiques. On a décidé de limiter nos subventions ainsi que notre train de vie. On ne remplace pas tous les fonctionnaires qui partent. On fait attention. Et puis relativement au maire, cette année on ne prend plus de programmes nouveaux. Ce qu’on appelle les autorisations de programmes. Les maires peuvent avoir des projets, mais ceux déposés cette année ne seront pas subventionnés par le Département. Parce qu’on avait de tels retards, qu’on a décidé d’écouler ce retard en assurant des engagements pris par le passé. On espère, mais on navigue un peu à vue, que l’année prochaine, on pourra revenir à plus de solidarité territoriale vis-à-vis des communes et vis-à-vis du monde associatif. En tout cas, dans le monde associatif, si l’on a des arbitrages à faire, on ne les connaît pas encore car il va y avoir une réforme territoriale et puis aussi une préconisation qui est de bloquer les dépenses des collectivités territoriales au niveau de croissance. C'est-à-dire qu’une année où l’on fait moins de 2% de croissance, on va avoir moins de 2% de dépenses.
On va vers une période qui ne sera plus jamais comme avant et où il faudra chercher des marges de manœuvre. On a de moins en mois d’autonomie fiscale, car nos recettes sont de plus en plus des dotations de l’Etat, et nous sommes dans une période folle durant laquelle le gouvernement a mis en place ce que G. SAVARY appelle la « déconcentralisation » c'est-à-dire que le gouvernement décide à Paris et nous envoie la facture.