Régionales 2010 J-10 / Poitou-Charentes : Royal fait la course en tête

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

Poitou-Charentes : Royal fait la course en tête
JEAN ROQUECAVE, Les Echos

Bénéficiant de sondages favorables et s'appuyant sur son bilan, la présidente sortante se dirige vers une réélection dont seule l'ampleur semble constituer la réelle incertitude.

Comme en 2004, la région Poitou-Charentes est une région symbole. En 2004, Ségolène Royal l'avait emporté sur Elisabeth Morin, qui avait succédé en 2002 à Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre. Cette victoire lui avait servi de tremplin pour se lancer dans la course présidentielle.

Aujourd'hui encore, Ségolène Royal et, en filigrane, ses ambitions présidentielles sont au coeur de la campagne. En témoigne l'attention portée par l'Elysée au choix de la tête de liste UMP dans la région. A l'automne, les choses semblaient simples : les militants UMP avaient désigné l'élu charentais Henri de Richemont, leader de l'opposition à Ségolène Royal au sein du conseil régional sortant. Paris jugeant son poids politique trop faible, un parachutage de Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, était un temps envisagé, avant que Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports et homme fort de la Charente-Maritime, dont il préside le conseil général, ne finisse par se dévouer. Sans enthousiasme au départ et ne faisant pas mystère de son sentiment que le défi n'était guère gagnable, le « bon petit soldat » Bussereau s'est pris au jeu et mène depuis une campagne de terrain musclée. Secondé par Jean-Pierre Raffarin, qui le suit comme son ombre de meeting en meeting, il dénonce « le bilan navrant » de Ségolène Royal et sa « confiscation de la région au service de son ambition personnelle ».

A gauche, si personne ne contestait la légitimité de Ségolène Royal à se succéder à elle-même, la constitution de la liste socialiste a fait l'objet d'un long feuilleton, qui ne s'est achevé qu'à quelques heures du dépôt officiel des listes en préfecture. Il était de toute façon hors de question de reconstituer la liste « gauche plurielle » de 2004, qui intégrait socialistes, radicaux de gauche, Verts et communistes.

« Main tendue »

Dopés par leur succès des européennes, les Verts ont décidé de faire cavalier seul sous l'étiquette Europe Ecologie, malgré l'offre de Ségolène Royal de leur offrir 11 places éligibles au lieu des 7 sièges qu'il détiennent actuellement. Quant aux communistes, qui comptent aujourd'hui 6 élus, le souhait des dirigeants régionaux de reconduire l'alliance de 2004 n'a pas été suivi par les militants, qui ont préféré l'option Front de gauche, au risque de ne pas atteindre le seuil des 5 % nécéssaires pour négocier une alliance au second tour.

Pour élargir sa base électorale, Ségolène Royal s'est alors tournée vers les centristes. Contre la volonté des instances nationales, les adhérents du Modem de Charente-Maritime ont accepté sa « main tendue », ce qui a valu aux centristes, malgré la grogne dans les rangs socialistes, 5 places sur sa liste. Ségolène Royal a pu aussi débaucher 3 élus Verts, dont 2 conseillers régionaux sortants. « On se trompe de cible, dit l'une d'elles, Corinne Cap. On travaille avec Ségolène Royal depuis six ans, et on lui tape dessus pour aller la rejoindre ensuite au second tour ? Qu'est-ce que les électeurs vont y comprendre ? » L'ouverture « royaliste » se traduit aussi par la présence sur ses listes de 2 syndicalistes venus d'Heuliez et de Fabris, et d'un ancien membre du Parti communiste, auxquels s'ajoutent un représentant du MRC et 4 radicaux.

Surfant sur des sondages qui lui prédisent une réélection confortable avec 57 % des voix au second tour, soit 2 points de mieux qu'en 2004, Ségolène Royal laboure elle aussi le terrain, mettant en avant son bilan, emplois-tremplins, développement des énergies nouvelles et stabilité fiscale, tout en tentant de garder une longueur d'avance sur l'adversaire dans le dossier confus du sauvetage de l'équipementier automobile Heuliez.

Au soir du premier tour, il lui faudra encore parvenir à un accord avec les représentants d'Europe Ecologie. Donnés à 14 % par les sondages, ceux-ci, qui n'hésitent pas à agiter la menace d'un maintien au second tour, devraient négocier chèrement leur ralliement.

Notre dossier élections sur   lesechos.fr/regionalespoitou-charentes

Les résultats en 2004
· Au premier tour
Ségolène Royal (PS/PCF/PRG/Verts) : 46,29 %
Elisabeth Morin (UMP/UDF/MPF) : 32,93 %
Jean-Romée Charbonneau (FN) : 10,50 %
Gérard Fontenay (CPNT) : 5,76 %
Claude Quemar (LCR/LO) : 4,52 %
· Au second tour
Ségolène Royal (PS/PCF/PRG/Verts) : 55,01 %
Elisabeth Morin (UMP/UDF/MPF) : 36,20 %
Jean-Romée Charbonneau (FN) : 8,70 %

 

Publié dans Régionales 2010

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