18 septembre 2010 : Fraternité réelle?...le début d'un combat! par Edmond Thanel,
par Edmond Thanel,
J'ai eu l'insigne honneur d'être associé à la préparation et à l'organisation de la troisième fête de la fraternité; la première pour moi car je n'avais pu participer aux précédentes. Je ne témoignerai pas ici -Facebook est un réservoir dans lequel viennent puiser bien des assoiffés de scoop- des étapes, des chausses trappes, des contournements, détournements que la politique impose parfois, sachez simplement que nous n'avons pas été épargné :)
Ce que je veux vous dire va bien au delà de la technique qui permet d'arriver à un résultat....pour qu'il y ait un résultat, il faut une volonté, une détermination, un engagement, une équipe, une bonne forme, beaucoup de chance....et un peu de courage. Il faut surtout avoir une idée assez précise de la définition que l'on souhaite donner au mot; la façon dont on va le traduire concrètement. Lorsque l'on choisit le mot "Fraternité", on mesure immédiatement ce qu'il impose de respect et de responsabilité.Il s'agit bien de notre histoire, celle de notre république, celle des droits de l'homme.
On sait par ailleurs que la caricature trouvera là un terrain presque trop facile. Parlez d'amour, ouvrez les bras, ouvrez vos yeux et vos oreilles à l'autre... en gros soyez fraternels... et vous êtes assurés d'être mis au bucher par le canal hystérique de la laïcité. Sans doute est-ce un de nos biens les plus précieux que la laïcité mais force est de constater qu'en son nom, on dit quelquefois, et souvent sans le savoir, beaucoup de bêtises. La Laïcité ne s'oppose pas -elle ne devrait pas- elle admet comme principe la tolérance...Tolérance et fraternité pourraient donc être les sœurs d'un même combat... mais en fait ce combat consiste à une réconciliation d'êtres différents par leur culture, par leur origines, par leur éducation et quelque fois leur milieu....pour former, au nom des valeurs qui ont fondé notre système républicain, une armée solidaire, se souriant à elle même, convaincue de pouvoir marcher vers une terre plus humaine, plus respectueuse, où la liberté collective serait l'addition assumer de celle de chacun de ses membres.
C'est dans cet état d'esprit que nous avons engagé notre course de vitesse. C'est en ayant la volonté de tout emporter sur le chemin, d'agréger le hésitants et parfois les médisants, de convaincre la méfiance à se convertir à la confiance. Nous avons sollicité, ignorant les frontières , les barrières, les carrières...nous avons creuser le sillon pour y semer nos graines de fraternité, nous avons tracé le chemin pour faciliter le passage des adhérents et des curieux, pour qu'ils nous suivent jusqu'au parc du coteau, qu'ils précèdent la force tranquille de l'espérance, qu'ils accueillent, après avoir embelli l'espace, après avoir construit l'agora de nos multiples volontés, après avoir placé deux scènes, l'une en face de l'autre, pour se répondre en mêlant les idées, les mots, les notes, l'art qui invite à l'imagination, la méditation, à la réflexion et les idées qui traduisent leurs messages, après avoir bordé l'ensemble de chapiteaux témoignant chacun, le cœur battant, d'un combat, d'un engagement, d'un cri...pour la justice, pour la tolérance, pour la prise de conscience, pour la mise en lumière d'une humanité que nous cherchons à imposer....Qu'ils accueillent enfin celle qui porte la lumière, celle qui porte aussi la lourde responsabilité de nos attentes, celle qui doit donner le sens des mots et la direction à prendre, celle qui apporte le message, celle qui, forte de nos témoignages de vie, de nos expressions citoyennes et quelquefois hystériques, nos expériences, nos blessures, nos désirs,doit inventer le programme et l'inventer en associant le devoir de réalité et l'espérance de justice.
Rien n'est simple et ce sont les cailloux sur lesquels on trébuche qui nous apprennent à marcher. Nous avions, nous semblait-il tout prévu. Nous avions mis nos cœurs et nos esprits, nous avions réfléchi et réfléchi encore avec la peur de quelque oubli. Chacun dans sa fonction, dans son équipe travaillait à un horizon collectif que nous ne maitrisions pas, que nous espérions sans naïveté mais avec énormément d'enthousiasme. Une idée simple avait guidé notre action, un verbe qui représentait à la fois un but et une promesse : partager.
Nous avions négocié sur le terrain de l'argent, sur la terrain du pouvoir, sur le terrain de l'absurde parfois. Nous avions multiplié les contacts, les échanges, les adhésions au projet. Je crois même que nous étions parvenus à convaincre beaucoup de celles et ceux qui, venus apporter leur expertise, leur technicité, leur main d'œuvre...d'un état d'esprit fraternel....chacun en devenant acteur!
Alors il y eu quelques déceptions: ce regard que l'on attend comme un cadeau et que l'on a pas croisé; ces pas que l'on espère venir vers nous que l'on soit adhérents, bénévoles, techniciens, artistes, "organisateur" ou membre de "l'équipe" :) et qui se détournent, emportés par quelques priorités suggérées pour de bonnes raisons sans doute; cette présence subtilisée d'une reine par une petite nuée d'insectes et qui en oublie parfois que sa ruche bourdonne, qu'à l'entrée de celle-ci, certaines abeilles attendent une confirmation, oui elles sont les bienvenues, oui, elles sont importantes....
C'est bien l'exigence qui doit s'imposer à notre action. C'est parce qu'elle articule et construit notre crédibilité qu'il faut écouter ces messages. Et fort de ceux-ci, alors nous pouvons nous réjouir de ce qui nous attend encore. Nous pouvons apprécier avec plus de plaisir ce que nous avons déjà parcouru de chemin. Nous pouvons ressentir quelque fierté à lire les commentaires, à regarder les images, voir les instants souvenirs en couleur, figés par l'œil curieux du photographe. Nous pouvons nous regarder les uns les autres, sans rougir, et se dire que si le chemin est encore bien long, nous avons tracé une perspective qui nous permet d'entrevoir l'horizon!
J'ai eu l'insigne honneur d'être associé à la préparation et à l'organisation de la troisième fête de la fraternité. Je suis fatigué mais heureux. Et c'est un mot banal ui me vient; pourtant je l'exprime avec la plus grande force : MERCI à ceux qui se reconnaitront ou pas, à ceux qui étaient là ou pas, à ceux qui nous ont cru, supporter, encourager ou pas, à ceux qui on témoigné ou pas. MERCI aussi à la dame qui a initié l'origine de cette fête, Merci à Ségolène, qui a redonné la prééminence au mot fraternité, quelque peu oublié derrière les deux autres éléments de notre triptyque républicain; ces deux bagarreurs que sont la liberté dévoyée par la droite et l'égalité par trop sublimer quelquefois par la gauche.
La fraternité se propose de réconcilier, de retrouver un équilibre, d'appaiser...mais la fraternité, ce n'est pas s'endormir tranquillement dans les bras de l'utopie; c'est se lever et marcher d'un pas vainqueur, côte à côte pour continuer inlassablement de tracer le chemin!