Centres de rétention : des proches de l'UMP parmi les associations habilitées à intervenir

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

A partir du 2 juin, l'aide sociale et juridique aux étrangers placés en rétention sera confiée à six associations : la Cimade (seule à intervenir jusqu'à présent en rétention), l'Assfam (Association service social familial migrants), Forum réfugiés, France Terre d'asile, l'Ordre de Malte et Collectif respect. Le ministère de l'immigration vient de révéler le choix retenu par la commission chargée d'étudier les candidatures de l'appel d'offres lancé par le ministère suite au décret du 22 août 2008 réformant l'intervention associative dans les centres de rétention administrative (CRA).

Le ministère ayant fait le choix d'éclater la mission en répartissant en huit lots la trentaine de centres répartis à travers la France. La Cimade, qui était jusqu'alors présente dans tous les centres, n'interviendra plus que dans ceux de Bordeaux, Nantes, Rennes, Toulouse et Hendaye (lot 1), de Nîmes, Perpignan et Sète (lot 4) et dans celui du Mesnil-Amelot (lot 6).

L'une et l'autre association d'aide aux demandeurs d'asile, Forum réfugiés et France Terre d'asile, seront présentes, pour la première, dans les CRA de Lyon, Marseille et Nice (lot 3) et, pour la seconde, dans ceux de Palaiseau, Plaisir, Coquelles et Rouen-Oissel (lot 7).

L'Assfam interviendra dans les centres de Bobigny et Paris-Vincennes (lot 8). Spécialisée dans l'accueil et l'intégration des migrants, cette association emploie 110 salariés, dont bon nombre sont des assistantes sociales 'ayant des compétences en droit des étrangers', ce qui légitime pour son directeur, Christian Laruelle, sa future présence en rétention.

L'Ordre de Malte sera présente dans les CRA de Lille, Metz et Geispolsheim près de Strasbourg (lot 2). Cette organisation caritative, qui gère dans une vingtaine de pays centres de soins et établissements hospitaliers, défend sa légitimité à intervenir dans les centres de rétention, ajoutant à sa vocation hospitalière un pôle "aide à la famille" où elle accueille et prend en charge des déboutés du droit d'asile à qui elle propose une aide au retour.

UN COLLECTIF INCONNU PROCHE DE L'UMP

Enfin, inconnu des principaux acteurs de la défense du droit des étrangers, le Collectif respect interviendra dans les centres de rétention d'outre-mer (lot 5) : celui de la Guyane, de la Réunion et de la Guadeloupe, d'où sont expulsés plus de 12 000 personnes par an. Ce collectif a été créé en 2003 au lendemain du match de football France-Algérie au cours duquel La Marseillaise avait été sifflée. Il a pour but de promouvoir le respect dû à l'autorité légitime, et en particulier aux institutions et au président de la République. Jusqu'en décembre 2008, son président était Frédéric Bard, membre de l'UMP Paris et chargé de mission au département développement solidaire du ministère de l'immigration.

Dans son communiqué, le ministre, Eric Besson, a appelé l'ensemble de ces acteurs à coordonner leur action. Celui-ci entend mettre en place un dispositif afin de "faciliter l'échange de bonnes pratiques, la connaissance de la réglementation ainsi que la mutualisation de formations et de compétences, et de permettre des échanges réguliers et approfondis entre associations".

Une collaboration à laquelle se sont dites prêtes Forum Réfugiés et France Terre d'Asile. La Cimade, pour sa part, craint que la décision du ministère, qui souligne-t-elle, "confirme le démantèlement de la mission d'accompagnement et de défense des droits des étrangers en la confiant à 6 associations différentes, éclatées en huit lots", ne conduise ces dernières à "se poser en concurrentes les unes des autres". Et dès lors que le "rôle de contre-poids des ONG et la défense des droits des étrangers deviennent quasi-impossible".

Laetitia Van Eeckhout

Source: http://www.lemonde.fr

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article