Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. par Najat Vallaud-Belkacem
Bonjour,
J’avais décidé de ne pas m’exprimer sur les récents échanges de « mots » entre Ségolène Royal et Gérard Collomb : c’était un choix délibéré et une liberté revendiquée de ma part, jugeant que ces quelques paroles de travers n’appelaient pas de commentaire, encore moins de surenchère.
Non seulement je n’avais rien de nouveau à dire, mais personne ne m’a demandé de le faire : il n’est quand même pas question, après tout, des droits de garde d’une petite fille dont les parents divorceraient.
Mais voici qu’on s’inquiète beaucoup pour moi… le plus souvent avec une bienveillance sincère de la part des militants qui me soutiennent, avec humour et malice pour certains bloggeurs politiques qui alimentent le « buzz », mais aussi, pour quelques autres, avec un brin de suspicion, feinte ou réelle, sur mes intentions.
Voyons-donc si je peux mettre fin à ces spéculations en suivant le vieux principe rhétorique de Nicolas Boileau plutôt que la silencieuse réserve, méthode bizarrement moins efficace que la déclaration lorsqu’il s’agit de ne rien dire.
Je soutiens Ségolène Royal depuis la « primaire » socialiste à la dernière élection présidentielle : c’était en 2006. Depuis, je suis à ses côtés à chaque fois que cela peut avoir un sens: la campagne présidentielle, bien sûr, mais aussi l’association Désirs d’Avenir; le Congrès de Reims; son inlassable travail d’opposante de fond à Nicolas Sarkozy et à l’UMP; sa contribution à la rénovation du Parti Socialiste, et au renouvellement des idées à gauche avec des initiatives formidables comme les Universités Populaires Participatives qui se multiplient aujourd’hui partout en France.
Souvent attaquée, je l’ai souvent défendue, et je continuerai à le faire à chaque fois que je le jugerai nécessaire, sans d’ailleurs pour autant devenir un chien de garde dont elle n’a pas besoin. Nous nous faisons, elle comme moi, une autre idée de la politique. Rien, ni personne n’a changé : je continuerai donc d’agir ainsi dans mes engagements politiques, au sein du Parti Socialiste comme à Désirs d’Avenir.
Je pense, de la même façon, que Gérard Collomb est un homme politique de tout premier plan dont l’expérience et les qualités personnelles le destinent à peser sur l’avenir de la gauche française, ce qui est une excellente chose. Je continuerai d’agir en conséquence dans mes engagements politiques à ses côtés, sans aucune réserve.
J’ai de l’admiration, de la reconnaissance et de l’amitié pour les deux personnes. Je continuerai d’agir en conséquence dans mes relations avec eux deux.
Je ne partage aucun des avis et jugements qu’ils ont récemment exprimé l’un sur l’autre par voie de presse et de sites Internet. Je continuerai d’agir en conséquence dans mes déclarations publiques et privées à ce sujet.
Je pense enfin que la fidélité, la solidarité et la loyauté en politique ne constituent pas une servitude volontaire, mais une condition de la liberté de penser et d’agir en responsabilité devant les électeurs, les militants et les citoyens.
C’est pour cela aussi, sans doute, que j’ai accepté d’être Secrétaire Nationale au sein du Parti Socialiste dirigé par Martine Aubry : je suis heureuse de constater que cet engagement-là, au moins, met tout le monde d’accord.
J’y vois le signe qu’on attend de moi autre chose en politique qu’un simple arbitrage des élégances entre camarades.
Merci à toutes celles et à tous ceux qui, à travers leur soutien, m’accompagnent dans cette direction.
Najat.