La crise guadeloupéenne entre dans sa 5ème semaine

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

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Par Alex Céleste, Haut fonctionnaire ultramarin le 19 février 2009

La mobilisation « contre la vie chère, les situations de rente et les profiteurs », organisée par le collectif LKP, se traduit depuis cinq semaines par le blocage de la Guadeloupe et par de nombreuses manifestations, de plus en plus violentes. La paralysie de l’activité économique, notamment par la fermeture forcée d’entreprises et la privation de carburants opérée par le LKP, aura de fâcheuses conséquences sur le développement de l’île et sur son image.

Les véritables enjeux de la crise ne résident pas simplement dans une lutte contre la vie chère – par ailleurs justifiée. En réalité, les objectifs du collectif LKP sont ambigus. Il faut placer ses revendications réelles dans la perspective de la consultation du 7 décembre 2003, qui a vu 75% des Guadeloupéens rejeter une modification du statut de l’île. Emmené par des responsables politiques de tendance régionaliste, ce mouvement contient des éléments dont le réel motif pourrait être de prendre dans la rue une revanche sur les urnes.

Il faut cependant saluer certains aspects de ce mouvement populaire, à savoir qu’il accélère la prise de conscience de la population, des élus et de l’Etat sur l’urgence de lutter contre les abus de sociétés métropolitaines. Il a également dénoncé les inégalités de la société antillaise, et mis en lumière la nécessité de moderniser les rapports interraciaux.

Contrairement aux autres acteurs dans l’île, le LKP affiche une grande cohérence dans son attitude et ses méthodes

: La division du travail opérée entre la couverture « idéologique » des plus anciens et un leader charismatique rompu aux techniques de communication semble fonctionner parfaitement.

Cependant, les méthodes utilisées, de plus en plus radicales, sont éminemment contestables en pays démocratique.
L’Etat a commis de nombreuses approximations dans la gestion de la crise

Le paysage politique guadeloupéen a été durablement affecté par cette crise

. Les élus locaux, divisés par l’appel d’air du mouvement, avec les effets d’aubaine qu’il comporte évidemment, sont bien peu nombreux à défendre une sortie de crise démocratique. Les lignes tracées par le mouvement rendent cependant difficile la position des élus locaux.

. Les négociations spectacle organisées au début de la crise, les promesses intenables du secrétaire d’Etat puis son départ à la dérobée de l’île ont illustré les dysfonctionnements dans la gestion interministérielle de l’outre-mer et, pour tout dire, le désintérêt du Gouvernement pour les questions ultramarines.

Les chefs d’entreprises peinent à trouver la voie du dialogue social

Quant à l’opinion publique, dans laquelle réside tout l’enjeu de la crise, elle est partagée

. Le système démocratique ouvert depuis la départementalisation, s’il présente des avantages incontestables, n’est pas parvenu à effacer les blessures du passé. La situation sociale de l’île, marquée par le chômage et les inégalités, contribue à rendre attractif le mouvement qui semble s’intéresser aux difficultés quotidiennes de la population.

Dans une situation aussi incertaine, il reste à faire confiance aux différents acteurs pour éviter une aggravation violente de la crise .

. Il est à regretter que les grandes entreprises métropolitaines ne fasse pas preuve de plus de bonne volonté, tant dans leur communication que dans les efforts qu’elles réalisent effectivement.

 

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