La dérive "populiste" de Nicolas Sarkozy, vue par la presse allemande

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

Que se passe-t-il avec Sarkozy ?" "Populiste." "Un désastre diplomatique dans lequel Sarkozy s'est mis la moitié de l'Europe à dos." Les commentaires de la presse allemande sont peu amènes, vendredi 17 septembre, au lendemain d'un conseil européen qui a vu Nicolas Sarkozy annoncer qu'Angela Merkel allait suivre sa voie et bientôt faire évacuer des camps de Roms... pour se voir opposer un démenti formel, quelques heures plus tard, par le gouvernement allemand.

"La crise des Roms est un cas d'école de la faiblesse de la méthode Sarkozy : un président fulgurant, qui saute d'un dossier brûlant à un autre, un opportuniste sous la lumière des projecteurs", tranche le Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Mais la méthode s'est usée. Elle a plongé le gouvernement dans un profond manque d'orientation", estime le quotidien.

"Que se passe-t-il donc avec Sarko", s'interroge même le tabloïd Bild ? "En fait, de nombreux Français soutiennent la démarche de Sarkozy contre les Roms. Sa cote de popularité s'est améliorée, croit savoir le journal, mais sa puissance chancelle, son image internationale est durement atteinte."

LA MÉTAMORPHOSE

Pour le Sueddeutsche Zeitung, le président français fait désormais partie de la catégorie des populistes. Le journal regrette : "Il n'y a pas encore deux ans, le président français faisait office d'un héros en Europe", citant pêle-mêle le sauvetage du traité de Lisbonne ou la résolution du conflit russo-géorgien.

"Une métamorphose" a vu Nicolas Sarkozy "faire de la concurrence à Silvio Berlusconi" et se faire le symbole du renforcement du populisme et du nationalisme en Europe. Sans blâmer l'Elysée pour sa volonté de démanteler des campements roms, le Sueddeutsche Zeitung lui reproche, "pour des raisons politiques, de faire comme si les 15 000 Roms étrangers étaient un des plus grands problèmes de le France – ce qui est absurde."

Nicolas Sarkozy peut toutefois se rassurer : le quotidien voit la même dérive populiste anti-européenne chez Angela Merkel lorsque celle-ci refuse d'apporter son soutien financier à la Grèce. L'Allemagne a par ailleurs promis de renvoyer dans leur pays près de 12 000 Roms du Kosovo qui avaient fui pendant la guerre. Même si ceux-ci ne sont pas installés dans des camps, cette politique suscite des critiques outre-Rhin. Mais Bruxelles n'a pas son mot à dire sur ces mesures, le Kosovo ne faisant pas partie de l'Union européenne.

Jean-Baptiste Chastand
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