Sondages de l'Elysée : le PS demande une enquête

Publié le par Désirs d'Avenir Castelnau-de-Médoc

Dénonçant des sondages publiés dans la presse et facturés à l'Elysée, la Cour des comptes avait qualifié en juillet dernier; le système d'enquêtes et de sondages du palais présidentiel d'«exorbitant au regard des règles d'exécution de la dépense publique».

Ce jeudi, la présidence de la République a dû présenter ses comptes devant les députés.

Elle a ainsi fourni les factures des sondages  réalisés entre octobre 2007 et septembre 2009. Le budget «enquêtes d'opinion» s'est élevé à 3,281 millions d'euros en 2008, il devrait atteindre quelque deux millions d'euros cette année et être réduit en 2010 à 1,424 million d'euros.

Les opérations juteuses de Patrick Buisson

Le détail des factures rendues publiques révèle que le cabinet Publifact, dirigé par Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy, a perçu la coquette somme de1,473 million d'euros en 2008, dont 1,1 million d'euros pour des sondages d'OpinionWay. Or, selon cet institut, Publifact avait acheté ces études pour seulement 190 000 euros. La société du politilogue a donc réalisé un bénéfice d'environ 910 000 euros, soit une marge de 83 %.

En 2009, les gains seront plus modestes : 963.510 euros versés à Publifact et  à Publiopinion, le nouveau cabinet de Patrick Buisson, qui fut aussi journaliste à «Minute» pendant six ans. Depuis juillet, ce dernier n'a plus qu'une activité de «conseil» auprès du président de la République, d'après Christian Frémont,  le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy.

Deux autres instituts se sont partagé le budget sondages de l'Elysée en 2008 : Ipsos a touché 889 824 euros pour quinze sondages, et le cabinet Giacometti-Peron, 723 580 euros. Viennent ensuite  IFOP (9 448 euros), CSA (56 810) TNS Sofres (38.272 euros) et Sociovision (89.700 euros).
 

Batho : L'Elysée a-t-il «sponsorisé» des sondages pour des «médias partenaires»?

S'adressant ce jeudi dans l'hémicycle à Henri de Raincourt, le ministre délégué aux relations avec le Parlement, la députée socialiste Delphine Batho a cité l'enquête du 2 février 2008 sur les «voeux du président» Nicolas Sarkozy,  en lui demandant: «Est-ce que ça correspond au sondage du «Figaro» Les voeux de Sarkozy jugés convaincants publié aux mêmes dates ?L'Elysée a-t-il «sponsorisé» des sondages pour des «médias partenaires»? s'est-elle interrogée. «Autant de questions qui nécessitent la création d'une commission d'enquête» réclamée par le PS, a-t-elle ajouté.

La députée de Poitou-Charentes se pose aussi des questions sur la baisse affichée en 2009 et 2010, voyant une possible «externalisation du budget sondages de l'Elysée» vers le Service d'information du gouvernement, qui dépend de Matignon et dont le budget a crû de 292% en un an. «Le SIG ne finance pas d'études pour la présidence», lui a répondu Henri de Raincourt.

Les socialistes craignent «le processus de fabrication de l'opinion»

Même si les sondages, «à compter de décembre 2009», seront commandés par l'Elysée aux instituts «choisis à l'issue d'un appel d'offres publié au Bulletin officiel des annonces des marchés publics le 15 octobre», selon la présidence, les socialistes demandent l'ouverture d'une commission d'enquête.  La demande sera examinée vers le 8 décembre et la majorité aura du mal à s'y opposer, même si elle dispose de moyens pour vider la commission d'enquête de sa substance.

Pour président socialiste  de la commission des finances, Didier Migaud, le problème va au-delà de l'aspect purement économique : «Ce n'est pas tant que l'Elysée commande des sondages, c'est tout le processus de fabrication de l'opinion, notamment en certaines périodes tout à fait particulières, juste avant les élections».

Leparisien.fr

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